「名も無き二人の男たち」
クリスチーヌ・モワルー
この証言では何も起こらない、おそらく最後まで何も変わらない。
いつものように店のシャッターを上げる、ここは二人が管理している交通省の旅行代理店。手慣れたしぐさで、容赦ないモンスーンの湿っぽさの中、それぞれの父から職を受け継いでこの方、今日も明日も明後日も、仕事が二人を待っている、もう30年になるだろうか。習慣など怖くない、それどころか無意識のうちに、慎ましくも規則正しい生活の充足感を味わい楽しんでいる。彼らの住むコシンは、中国、オランダ、イギリスやポルトガルからやって来る船乗りの街である。代々続くインディアンで、先先代から公務員をしている。旅行などしないし、したくもない、第一そんな頭さえない、方法はいくらでもあっただろうに。ここでは彼らの二世代家族が、まるで二本の手指のように完璧な協調性で、軋轢も陰りもなく旅行代理店を営業していた。
ところで、歩道に向かって大きく開かれた扉の正面に、白黒の肖像写真が二つ、灰色の壁に掲げられているのが目につく。何気無い旅行者なら、店の奥に座る事務員の写真と思うだろうか。そうではない、この古めかしいセピアの写真は、間違いなく彼らの父親たちだ。似かよった眼差し、眼元、口元、髪の生え際、往時の二人のどれもこれもが、三代前から続く事務所の同じ席に座っている息子たちに瓜二つではないか。
三十年。「時の経つのは何と速い、まるで昨日のことのようだ!」あるいはそうも言えたろう、それが実は、時が過ぎて行ったと言うより、彼らにとっていつも通りの平凡な現実が続くばかりだった。何しろ普通の家庭生活にお決まりの出来事以外、何一つ起こらず、争いごとや、ちょっとした事故も、二人について特筆すべき事は何もなかった。仕事でも家庭でも、目立った事件で周辺に波風を立てるなど一切ない。コシンの蒸し暑さにどっぷり浸かって、ここまでやって来た。いや、そうでもない!三つの目立った事件が、平々凡々な彼らの人生に日付を残していた。
三番目は、仲間同志の言い争いだった。その前の二つは、二世代に渡って際立つトピックスとされ、何れも仕事場の壁の然るべき場所に、時計と並んで掛けてある。左から見て行くと、1930年の課税廃止を求める市民たちの訴訟に際して、コシンを訪れたガンジーの移動関連である。ガラスの額に入った写真が示すように、マハトマ・ガンジーが、時代にそぐわない新しいモデルの車の前でポーズを取っているのが、いかにも眉つばという風情で、特に注意せずとも見破られてしまいそうな具合だ。まあそんなところか。その隣は、期日の明示されていないリムジンのレンタカー記念。英国女王エリザベスその人の公式訪問であった。記録写真は前述のものと同じく、お人好しの民衆だけを納得させるものでしかない。とは言え、誰もそれが本物かどうかなど気にかけない、そんな事より、この代理店はバス・タクシー・乗用車のサービスで知られており、それは快適とは言えないまでも清潔で、時間は正確だったから。
三番目の話に戻ろう。これこそ確かに起こった。この二人については他に話す事がないので、ここは力が入る。さてある日のこと、友人たちがいつものように事務所に立ち寄ると、片方の男、国の構成に関わる、ムスリム、カトリック、ヒンドゥーの問題に、我慢ならないほどいらだっていた。この夜は満月にあたり、機は満ちて、もう少しで手を出しそうなほど議論は刺々しくなり、ついに叫び声が響く!何がそこまで問題なのだろう!友人たちの中には、テーマが重過ぎるので多少の興奮は仕方が無いという意見の者もいたが、公務員の上司に、この耳障りなごたごたの話が届き、こういったスキャンダルは許し難いとの通達が出された。彼らはたちまち動揺を抑え、件の集まりと、そもそも旧知の友人であった問題の先導者を遠ざけた。同様に、皆の合意の下で入口正面に張り紙を掲げた。「政治論厳禁」つまり叫び声は禁止、激論など以ての外、こうして彼らも学んだと言う訳だ。
静けさが戻り、こんな時は物思いに耽りがちになる。そしてまた帳簿をつけ始めた。彼らの世界は分厚い壁で風雨から守られ、安心安全安定だ。もうずっと以前から、必要なものは何でも手や目や声の届く所にそろっている。ここでは何もかもが恐ろしいほど適材適所に配置されている。整って変調のない絵、生きた静物画のように、振り子時計の針の規則正しいコースに組織化され、きちんと定刻に上がってくる。「まるで義務のように間違いなく。」時間厳守
乾いた季節風が吹き始めると二人は入口左手にある部屋の奥に、きっちり直角に据えられた机の向こうの椅子に座り詰め、ただ平然と客を迎えては、用を書き留め稀に取り消す。
一人は机の端に座り、ポロかサッカーの試合日にしかスイッチの入らない小さなテレビの前で、ぶ厚い帳簿に一人黙々と数字を記録する。彼が主任、きっとそうだ。
もう一人は、註文書を目の前に高々と積み上げ、入ってくる客がよく見えるように、入口の真向かいに陣取って電話応対もこなす。電話が鳴ると、とっさに背筋を伸ばして細心の気配りを身に表す。まるで目に見えるようだ、、、テーブルの縁から1センチの所にノートが置かれ、青インクの万年筆と赤インクのもう一本が寸分違わず平行に並べられている。
モンスーンの重たい空気はやりきれないが、天井の扇風機が、オフィスのこわばった空気を、せめても揺り動かしてくれるし、過熱したアスファルトの上に突然強く降りかかる雨音に、二人はしたりとばかりに目配せを交わす。心待ちにしていた涼しさを風が運んで来てくれるのを、二人とも一時間ほど前から察していた。要するに、辛抱強く振舞うことだ。
休憩時間は砂時計、電話は2番へ、3回鳴れば必ず出て、それ以上待たせないのが暗黙のルール。控えめな言葉で丁寧に、受話器を置いたら小さい帳簿に手をのばし、書き込んですぐさま閉じると、いつもの動作で正確に同じ場所に戻す。また電話だ、4回目、ボスが微かに頭を上げたかと思うと眉をひそめ、ペンを置いたその瞬間、もう一人が出る。やれやれ。相棒はクーポンを掴み、すらすらと何やら書き連ねると、書類を左手のカゴに納めた。
そこへ!丁度その時、知人が入ってくる。この恐るべきハーモニーを、お喋りで壊したくもなるのが人情だろう、穏やかで一本調子のルーチン作業が区切られるのは、業界用語や相づちの笑顔が、ごく稀に交わされる時だけだから。客人は座り込んで注意を引きつけようとする。彼らは丹念な仕事に没頭しながら、しぶしぶ生返事
。朝8時から夜の10時。終始一貫。結局のところ二人は、単調な日常生活と縁を切って、旅に出たいと言う他の誰かのために、誠心誠意、仕事にはげむばかりだった。
まさかこんなことが起きようとは。
それはまさに不意打ちだった。何の備えもなかったから、何が起こっているか理解するには時を要した。事の次第、10年前、2004年に日本まで達した津波は、他方で大きな横波となってコシンの旧ポルトガル地区を飲み込んでいた。女性子供も赤ちゃんも、いっしょに暮らす犬猫も、家はおろか車まで、庭は池の魚ごと、亡くなった人、被害を受けた者、何もかも消え去った。
波が早馬のように押し寄せ、行く先々の全てを一掃する。その話は脹らみ広がり彼らにも届き、更に進んで世界中の新聞・ラジオ・テレビ網へと伝わった。ところが彼らは、日々の決まり事に捕らわれたまま、最後の最後まで想像もつかなかった。噂の波が通り過ぎるのは聞こえたが、まさか自分に関わりがあるとは思わなかったし、それを感じている暇もない。何しろ、突然炎上したレンタカーの受注に応えるのに精一杯だ。警察はタクシーを徴用し、バスまで救急車の役目をしている、それほど大災害の周辺には負傷者が多く、当の中心地には全く何も残ってはいなかった。
街は文字通り上を下への大混乱、それにひきかえ事務所内は驚くべきプロフェッショナル・サイレンス、職業的静寂に徹し、次々に生じるあらゆる困難を正しく秩序立てていく。聖なる一日が、何の支障もなしに着々と営まれて行った。そうこうするうちに22時が来て、帰宅。旧市街の奥へと、入って行けば行くほど深刻になる被害を目の当たりにして、それまで二人を麻痺させていた日常感覚が、薄れていった。ようやく我が家の一画にたどり着くと、警察の一団に引き止められ、その説明によれば、目下救助隊が生存者を捜索中ではあるが、家も人も無事な物は何一つないらしい。
今の今まで、どっかりと錨を下ろしていた人生の確かさ、些細な事にも傷つくはずがないと思いながら暮らしていたにもかかわらず、これほどの大惨事に見舞われるとは、ほとほと信じられない。一日中、いつものように家のごたごたを案配してくれる妻たちを当てにして、任せっきりだった。そして今、ここで、一切が無に帰したのだ、家族も財産も何もかも。スクーターだけが残ったから、それに乗って事務所に戻ろう、逃げて行けるのはそこしか無い。
翌日から、心は全くここに在らず、それでも誰にもそうとは知られない。旅行者の目から見れば何の変化もなかった。それは注目すべき事であったし、彼ら自身気づいていた。それぞれの物が、この街の危機的状況の只中で、ちゃんと元の場所にあり、二人の言葉にも態度にも、節度が保たれていた。この一貫性、これが大災害の後も何年も続くとなれば、傍観者はこの二人の男を無常と見なすだろうか?それは違う、かつて彼らは、人生がいつも同じ速さで展開する廊下を走っていた。災害の後、不幸から身を守るために習慣の中に閉じこもり、想像を絶する事態を乗り越えようとした。ある種の枷が人生をあまりに強く締め付けるので、彼らは究極の逆境の中にいる。何が違っているかと言うと、静けさ、静けさが、幸せな人の胸でハミングする音楽と、すり代わってしまった。心に隠された涙も、沈黙が抑えている。
それらは目には見えないが、もともと大切な事は見えない、、、いつだって。
2015年6月9日
宮澤みよ子 訳
Deux hommes sans histoires
Dans ce témoignage il ne se
passe rien, il ne se passera probablement rien, jusqu’à la
fin.
Ils remontent le rideau de fer de l’agence, une agence de voyage d’état pour deux
administrateurs. Des gestes coutumiers dans la moiteur d’une mousson féroce, voici ce qui les
attend aujourd’hui comme tous les jours depuis qu’ils ont hérité du
poste de leurs propres pères trente ans plus tôt. L’habitude ne les effraie pas,
bien au contraire, ils savourent avec modération et
inconscience la plénitude d’une vie réglée, à Cochin, leur ville, celle des marins,
chinois, hollandais, anglais puis portugais. Eux sont Indiens depuis des générations et fonctionnaires depuis deux. Ils ne voyagent pas, ils n’en ont ni le désir, ni même l’idée, même s’ils en avaient les moyens. Voici deux générations que leurs familles, comme les deux doigts de la main, dans une
entente parfaite, sans aspérités, sans nuages font fonctionner cette agence. A ce propos, et cela
surprendra, face à la porte grand ouverte sur le
trottoir, deux portraits en noir et blanc accrochés au mur gris attirent le regard. Un voyageur inattentif pourrait
penser que ce sont les images des deux
gratte-papiers assis au fond du bureau. Pas du tout, l’aspect suranné des
clichés montre clairement que ce sont leurs pères. La ressemblance des regards, la forme des yeux, des lèvres, l’implantation des cheveux
des deux hommes d’un autre temps sont des
copier-coller de leurs fils assis à leurs places respectives dans ce
bureau depuis trois décennies.
Trente ans. Ils auraient pu s’exclamer : « Que le temps passe
vite, on a l’impression que c’était hier !», en fait le temps ne passait pas, seul le présent immuable, plat existait pour eux. En effet, outre les épisodes inévitables et naturels de la
vie familiale, il ne se passa rien, aucune aspérité, aucun accro, absolument
rien qui puisse être relaté concernant
la vie de ces deux hommes. Aucun événement notable ni dans les affaires ni en famille n’avait perturbé l’ordre des choses qui les entourait. Enracinés dans la touffeur de Cochin, voilà ce
qu’ils étaient. Je mens ! Je mens ! En effet, trois
affaires marquantes firent date dans le train-train de leur existence. La
troisième concerne une dispute entre copains. Les premières ont marqué les deux générations et figurent de ce fait en bonne
place, accrochés au mur de l’officine de part et d’autre de l’horloge. A savoir à gauche : le transport de Gandhi quand il vint à Cochin
en 1930 pour plaider la désobéissance civile visant à la suppression des impôts. En témoigne un
sous-verre où l’on distingue le Mahatma posant devant une voiture d’une époque trop récente et de façon si peu vraisemblable qu’un œil même inattentif démasque la supercherie. Bref. Le
second événement concerne la location de la limousine à une date non spécifiée lors d’une visite officielle de la Reine d’Angleterre, Elizabeth elle-même. Le photo
montage, comme le précédent, ne convainc que les crédules. Mais, en définitive, personne ne prête attention à ces
enfantillages car le bureau est surtout renommé pour
ses services de taxis, bus, cars, certes peu confortables mais propres et
ponctuels.
Passons au
troisième fait qui, celui-là, eut assurément lieu. On ne peut qu’en faire des choux gras
tant il n’y a rien d’autre à raconter à propos
de ces deux hommes. Donc, un jour, en temps et en heure, des amis étaient passés au bureau comme à l’accoutumée, l’un deux était contrarié au
plus haut point pour une histoire de Musulmans, de Catholiques, d’Hindous qui touchait à l’organisation du pays. Ce soir-là la lune devait être pleine car la discussion tourna à l’aigre et ils en vinrent presque aux mains tandis que quelques éclats de voix retentirent dans le bureau. Fallait-il que le sujet leur
tienne à cœur pour en arriver là ! Certains de leurs
amis émirent l’idée que le sujet était assez grave pour
pardonner quelques échauffements, mais les
bureaucrates entendirent cette fausse note d’une mauvaise oreille et décrétèrent que tel scandale était inadmissible. Ils
eurent tôt fait d’endiguer le remous en
bannissant de leurs réunions le fauteur de
troubles, un ami de longue date d’ailleurs. De même, ils décidèrent à l’unanimité d’accrocher un écriteau juste en face de la
porte d’entrée : « ICI ON NE PARLE PAS
POLITIQUE ». En somme, pas de cris et surtout pas de vagues c’est ainsi qu’ils avaient été élevés.
Le calme retrouvé, - on aurait tendance à penser pour l’éternité -,
ils se remirent à leurs écritures. Leur univers, protégé des
intempéries derrière des murs épais, leur garantit stabilité et sécurité. Ils ont tout ce dont ils
ont besoin à portée de main, de regard, de voix depuis longtemps. Tout est terriblement à sa
place ici. Aucun bémol au tableau, une nature
morte vivante orchestrée par la course régulière de l’aiguille de la pendule
soigneusement remontée au juste moment –comme il se doit, assurément-. De saisons sèches en moussons les deux hommes, vissés sur leurs sièges derrière leurs bureaux disposés en angle parfaitement droit au fond de la pièce à gauche de la porte d’entrée, accueillent
imperturbablement les clients, notent et gomment rarement. L’un assis en bout de bureau, face à la minuscule télévision éteinte -sauf les jours de
match de polo ou de foot-, sans sourciller,
consigne des chiffres dans un registre énorme, un seul, il est le chef. Assurément. L’autre, une pile raisonnable
de cahiers de commandes devant lui, installé face
à la porte de façon à voir entrer les clients, répond aussi au téléphone. Tout en prenant les appels, d’un geste compulsif il redresse minutieusement –on s’en doute désormais- le cahier aligné à un centimètre du rebord de la table et, les stylos l’un d’encre bleue, l’autre d’encre rouge, rangés de façon scrupuleusement parallèle. Si l’atmosphère pesante de la mousson les incommode, ils allument les deux
ventilateurs de plafond qui seuls s’agitent dans l’air figé de
l’officine et, quand la pluie se précipite à seaux sur le bitume surchauffé, ils se jettent un coup d’œil complice et confiant,
car ils savaient depuis une heure, de chiffres en libellés, que le vent apporterait la fraîcheur attendue. Il
suffisait de se montrer patient.
Deux millimètres de répit, un appel poste numéro deux, trois sonneries, pas plus, c’est la règle tacite, quelques mots
polis, mesurés, il raccroche, tend la
main vers un petit carnet et l’annote avant de le refermer
et de le poser exactement à la même place d’un geste mesuré. Un autre appel, quatre sonneries,
le boss relève imperceptiblement la tête, une demi-seconde le sourcil froncé, le temps de poser le crayon, le premier décroche. Voilà l’autre rassuré. Le premier s’empare d’un coupon, griffonne
quelques mots bien alignés et dépose le document dans une corbeille posée à sa
gauche. Là. Une connaissance entre au même moment, l’homme voudrait par ses bavardages briser cette terrible harmonie, douce
routine linéaire ponctuée de quelques rares paroles complices, de sourires, parfois échangés par les deux hommes. Le
visiteur s’assoit, tente vainement d’accaparer leur attention, ils répondent du bout des
lèvres tant ils sont absorbés par leur tâche méticuleuse. Matin 8h, soir 22h. Immuables. Enfin, voilà deux
hommes qui s’ingénient sérieusement à faire
voyager les autres, ceux qui follement désirent rompre avec
le ronron de vies trop réglées.
C’était compter sans la
destinée.
En effet, celle-ci frappa, sans aucun détour. Ils y étaient si peu préparés qu’ils ne comprirent pas tout
de suite ce qui arrivait. Pour résumer l’affaire, c’était il y a dix ans, un
tsunami s’abattait sur le Japon, une vague collatérale submergea les anciens quartiers portugais de Cochin où ils avaient laissé le
matin même à 7h30 : femmes-enfants-petits-enfants, chiens, chats ; sans compter leurs maisons, voitures et jardins avec poissons dans
bassin. Les uns moururent, les autres furent ravagés, tous disparurent. Quand la
vague déferla à la vitesse d’un cheval de course
et balaya tout sur son chemin, une rumeur enfla au bazar, parvint jusqu’à eux
et poursuivit son chemin jusque dans les tuyaux des radios, des télés, des journaux du monde entier. Mais eux, pris dans la discipline
quotidienne ne pouvaient imaginer qu’il en serait
autrement jusqu’à leur dernier souffle. Quand ils
entendirent la rumeur passer, ils ne se sentirent pas concernés, et, comment auraient-ils pu ? Il fallait répondre à la demande de véhicules qui flamba tout à coup. La police réquisitionna les taxis et même les bus qui servirent d’ambulances, tant les blessés étaient nombreux à la périphérie du cataclysme car en
son centre il ne restait absolument plus rien.
La ville était sens dessus
dessous et dans le bureau, avec un calme impressionnant de professionnel ils réglèrent toutes les difficultés qui se présentèrent. Sacrée journée, rondement menée, sans anicroche ! Toutefois 22h00
venait de sonner, il était temps de rentrer. Leur
torpeur les quitta insidieusement quand ils constatèrent les dégâts de plus en plus graves à mesure qu’ils s’enfonçaient dans la vieille ville. Parvenus à un
pâté de
maison de chez eux, ils furent arrêtés par un peloton de policiers. On leur expliqua que des équipes de sécurité étaient en train de chercher
des rescapés mais que personne et
presque rien ne restait debout. Ils n’avaient pas imaginé jusqu’à cet
instant, dans la certitude où ils avaient ancré leur vie, qu’une broutille l’aurait entachée alors une catastrophe d’une telle ampleur était tout bonnement inconcevable. Toute la journée ils avaient compté sur leurs épouses pour régler les problèmes domestiques, comme à l’accoutumée. Simplement, là, tout était anéanti, leurs familles, leurs biens. Il ne leur restait que leur scooter
sur lesquels ils remontèrent pour retourner à l’agence puisque c’était le seul endroit où ils pouvaient se réfugier.
Dès le lendemain, par la
force même des choses, le cœur des deux hommes n’était plus là, personne ne s’en douta cependant. Du point de vue des voyageurs rien n’avait changé dans l’officine, c’était remarquable et ils le
remarquèrent : chaque objet était resté à sa place au milieu du chaos de la
ville ; les gestes et les paroles des deux hommes demeuraient retenus. Devant
telle constance, et ceci pendant des années après la catastrophes, les observateurs présumèrent que ces deux hommes étaient insensibles. C’était faux : alors qu’avant ils parcouraient un
couloir où leur vie se déroulait toujours à la même petite vitesse, après, pour se protéger du malheur, les deux hommes se claquemurèrent dans leurs habitudes pour surmonter l’inconcevable. En somme, un carcan enserrait si fort leur vie qu’il les maintenait jusque dans la plus grande adversité. La différence, c’était le silence ayant
remplacé la petite musique qui tient au cœur des gens heureux. Le silence régnait désormais sur les larmes
dissimulées dans leurs cœurs. Cela n’était pas visible mais l’essentiel est invisible… apparemment.
Christine Sedraine Moiroux
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