1.動作
くるりふり返りその馬は
誰も見たことのないものを見た
そしてもとどおり草をはむ
ユーカリの木陰で
それは人でも木でもなく
むろん牝馬でもなかった
ましてや木の葉をざわめかせた
風の名残であるはずもない
それはもう一頭の馬が
彼より二万世紀も前に
突然後ろをふり返り
ちょうど同じ時刻に目にしたものだった
そしてそれはもう人も馬も魚も虫も
誰も見ることのできないものだった
地球が彫像の残骸でしかないように
手も足も頭も失ってしまうまで
2.巡る道
地球は我が道をいそぎ
我が思いの周りを巡る
そのくせ野原や街や庭たちには
決して動くなと言い張るのだ
雲はすばやく立ち渡る
逃げるなんていやだけど
3.炎の先
生きている間中ずっと
彼はろうそくを灯して本を読むのが好きだった
そしてよく手を炎にかざしては
まだ生きているか
ほんとうに生きているのか
たしかめてみたものだ
この世を去ったあの日から
かたわらに火のついたろうそくを
欠かさないではいるのだが
なぜかその両手は隠されたまま
4.太陽が・・・
太陽が雪にささやく
雲がするように
苦しむのはやめにして
消えてみてはどうだろう
このもう一つの声はなんだろう
わたしに話しかけてはあれこれ促す
こんな厳しい冬のさなかに
あれは地球を回す熱だとでも?
いつも同じ心根で
わたしをほっとさせるように
四季おりおり
わたしの耳元までかがみ込んでは
わたしの名をささやく
5.眠れる湖
もみの木一本夜
誰も見ぬ間にこっそり
舟になる
櫂もなく腕もなく
時おりきこえる
波のひたひた
あたり一面
水がおびえる
6.時の馬
時の馬たちがわたしの戸口にやってくると
飲んでいる姿を見ようかどうしようか
いつもためらう
馬の渇きをいやすのは僕の血なのだから
こちらへ顔を上げ
目でありがとうを言ってくれるが
彼らがごくりごくりとやるうちに
僕はどんどん弱気になっていく
そして僕を疲れさせ孤独な
つまらない奴にしてしまう
つかの間の夜が僕のまぶたを襲い
不意に僕は
内なる力を取り戻すしかないと思う
またある日
渇いた馬たちがやって来る時に
生き存えていて
その渇きをいやしてやらなくては
7.さまよい
ああいったいいくつ
空を変えて来たことだろう
恐れを変え顔を変え
おかげでひとつもわからない
自分のほんとうの心
お決まりの流血を繰り返すばかりの
僕の心臓
8.絵描き
絵描きはあなたに
いつも二つの夜の間にある昼を語ろうと
きらめく剣で切り取られた
花々を描く
ただ一本のろうそくがさくらんぼと
ひそやかな重さで折り目のついた紙を照らす
深い葉むらを背景に
みごとにしつらえられた植物的な眼差しが
探るように見ている
あなた自身の謎を
9.樹
かつていとしさとやさしさの心があった
それがいつしか樹になった
かつて得も言われぬ雅な言葉があったが
それも今では樹となり小枝や葉むらになった
かつて恋する心にまとう美しい衣があった
男心か女心か
ともかくも樹になってもはやなんのそぶりも見せない
たとえその一枝を切り落とし筋を見つめても
黙ったまま
少なくとも人の耳には一言もなく
色さえない沈黙だけがあらゆる筋からにじみ出し
そこを蟻が這っていく
ところが樹はその身をよじるのだ
どこへでも行きたい方へなお一歩たりとも動かずに!
風が空から樹を誘う
さあ行こうじゃないか
君は鳥の中でも一等大きな鳥になってくれ
だが樹は一向に応じない
四季を通して一本の樹であること
ものごとを見つめさらに口をつぐむように
人の言葉をよく聴きけっして答えてはならない
そして一枚の葉に全ての思いをこめ
それが飛んでいくのを見とどけなさい
10.場所を譲る
しばらくいなくなって
この場所を風景に譲ろう
庭はノアの洪水以前のように美しくなるだろう
人間がいなければサボテンはもとの緑にもどる
そして君も
目を閉じても君にはわかるはずのないものを
探そうとする
植物の根と関係がなくなる
君の夢想の外で草には草の生えたい放題
そうしてまた見にもどって来るといい
この場所で何が起こったか
11.星への手紙
あなたの不思議な力
ひと目で心を見抜く
だから探すこともない
あなたのための言葉は
それはあふれそうなほど
いつも沈黙の影で
閉じたくちびるの後ろ
あまりにも大きいから
動かせない距離のまま
だけどほんとは誰にも
二人を引き離せない
山も河も畑にも
一粒の麦にでさえ
わたしの眼は止められず
どこに隠れてもわかる
空の高みから降りる
光の速さを超えて
それがあなたにも見える
きらり輝く思いで
他のどこの誰よりも
ただあなただけをめざす
それは光る眼の煙
あなたを愛していたわ
真昼の光の中で
あなたは今を疑い
もう一つの夜に似た
わたしの心の奥へ
潜るように逃げてくる
人のぬくもりを抱いて
ああ思い違いだった
ちゃんと見えていなかった
あなたに疑いはない
断固として動かない
いつもまぶしく輝き
隠れ家なんかいらない
光はベールとなって
わたしの視線を隠す
日暮れて星は気高く
上の空にかがやいて
わたしはさまようような
おぼつかない足取りで
ふらふら右に左に
二人は同じ布でも
天と地の差があるから
わたしはただうなだれて
一人部屋に閉じこもる
だめよ笑うのはやめて
ほほえみなんかいらない
それよりどうぞわかって
たいせつなともだちなら
(11字)
12.希望
闇の中に喜びを感じとる
バラのみずみずしさを呼び起こす術を身につけよう
やさしさが別の身体を探すように
その若い香りがあなたの指先に満ちてくる
心はすばやい触覚に導かれ
わたしの中を進み
どんな眼のおかげなのか
あちこちを照らしてはあらわにしていく
ただその輝く手を近づけるだけで
だがこうしていったいどの庭をさまよっているのだろう
ひょっとして考えというものに閉じこめられてしまうのでは
ああ何も怖がらせないように
ひっそりと考えよう
そうすれば
秘密の太陽が生まれてきそうだ
13.秘密の海
だれも見ていない時
海はもう海じゃない
だれも見ていない時のぼくたちみたいにね
別の魚が泳いでる
波だっていつもの波じゃない
それは海のための海だよ
そして海を夢見る人の海
今僕がこうして夢見ているように
14.大地
くだものに夢中なのか
昼も夜も上の空で
オレンジがほしいのかい
ほらここら一帯オレンジ畑だ
木が好きなのか
ここは見わたすかぎりの果樹園だよ
さあ手を伸ばして
バラをつかむといい
大地はそんなことおかまいなし
君にはおとがめなしだ
彼女は新しいバラたちを
胸に思い描く
目くるめく色を秘めながら
明日咲く花々は
泥だらけの栄光のうちに
まだただ真っ黒
15.残存
それは水没した谷から突き出た
灰色の屋根
それはポプラの木のてっぺん
あとはみんな貝になる
何かしら漂って
ずっと向こうほらすぐそこにも
胸の曇りをゆすりながら
波のまにまに波のまにまに
それは魂の回廊
崩れた壁の間を巡る
巻きついた螺旋をたどれば
もう一つの運命が・・・
内奥の思いに頭を垂れ
沈黙は行方を失い
死してなお歌い続けるのだ
・・・とても小さな声で
1.
MOUVEMENT
原文 Jules SUPERVIELLE
GRAVITATIONS 1925
LE FORÇAT INNOCENT 1930
LES AMIS INCONNUS 1934
LA FABLE DU MONDE 1938
Ce cheval qui tourna
la tête
Vit ce que nul n’a
jamais vu
Puis il continua de
paître
A l’ombre des
eucalyptus.
Ce n’était ni homme
ni arbre
Ce n’était pas une
jument
Ni même un souvenir de
vent
Qui s’exerçait sur du
feuillages.
C’était ce qu’un
autre cheval,
Vingt milles siècles
avant lui,
Ayant soudain tourné
la tête
Aperçut à cette
heure-ci.
Et ce que nul ne
reverra,
Homme,
cheval,poisson,insecte,
Jusqu’à ce que le sol
ne soit
Que le reste d’une
statue
Sans bras,sans jambes
et sans tête.
2. CHEMIN DE RONDE
La terre file son
chemin
Et tourne autour de
son idée
Mais force
champs,villes,jardins
A garder l’immobilité.
Les nuages passent
rapides
Inquiets des
évasions.
3. POINTE DE FLAMME
Tout le long de sa
vie
Il avait aimé à lire
Avec une bougie
Et souvent il passait
La main dessus la
flamme
Pour se persuader
Qu’il vivait,
Qu’il vivait.
Depuis le jour de sa
mort
Il tient à côté de
lui
Une bougie allumée
Mais garde les mains
cachées.
4. LE SOLEIL ・・・
Le soleil parle bas
A la neige et l’engage
A mourir sans souffrir
Comme fait le nuage.
Quelle est cette autre voix ?
Qui me parle et m’engage ?
Même au fort de l’hiver.
Serait-ce la chaleur
Qui fait tourner la Terre
Toujours d’en même cœur,
Et,pour me rassurer,
Dans toutes les saisons
Se penche à mon oreille
Et murmure mon nom ?
5. LE LAC ENDORMI
Un sapin,la nuit,
Quand nul ne le voit,
Devient une barque
Sans rames mi bras.
On entend parfois
Quelque clapotis,
Et l’eau s’effarouche
Tout autour de lui.
6. LES CHEVAUX DU TEMPS
Quand les chevaux du Temps s’arrêtent à ma porte
J’hésite un peu toujours à les regarder boire
Puisque c’est de mon sang qu’ils étanchent leur soif.
Ils tournent vers ma face un œil reconnaissant
Pendant que leurs longs traits m’emplissent de faiblesse
Et me laissent si las, si seul et décevant
Qu’une nuit passagère envahit mes paupières
Et qu’il me faut soudain refaire en moi des forces
Pour qu’un jour où viendrait l’attelage assoiffé
Je puisse encore vivre et les désaltérer.
7. ERRANT
J’ai tant de fois, hélas,changé de ciel,
Changé d’horreur et changé de visage,
Que je ne comprends plus mon propre cœur
Toujours réduit à son même carnage.
8. UN PEINTRE
Il vous dira le jour
Toujours entre deux nuits
Avec des fleurs coupées
Par de claires épées,
Une seule bougie
Éclairant des cerises
Et un papier plié
par le poids d’en secret,
Sur un fond de feuillage
Bien fait pour épier
D’un regard végétal
Votre propre mystère.
9. L’Arbre
Il y avait autrefois de l’affection,de tendres sentiments,
C’est devenu du bois.
Il y avait une grande politesse de paroles,
C’est du bois maintenant,des ramilles,du feuillage.
Il y avait de jolis habits autour d’un cœur d’amoureuse
Ou d’amoureux, oui, quel était le sexe ?
C’est devenu du bois sans intentions apparentes
Et si l’on coupe une branche et qu’on regarde la fibre
Elle reste muette
Du moins pour les oreilles humaines,
Pas un seul mot n’en sort mais un silence sans nuances
Vient des fibrilles de toute sorte où passe une petite fourmi.
Comme il contorsionne l’arbre,comme il va dans tous les sens,
Tout en restant immobile !
Et par là-dessus le vent essaie de le mettre en route,
Il voudrait en faire une espèce d’oiseau bien plus grand que nature
Parmi les autres oiseaux
Mais lui ne fait pas attention,
Il faut savoir être un arbre durant les quatre saisons,
Et regarder, pour mieux se taire,
Écouter les paroles des hommes et ne jamais répondre,
Il faut savoir être tout entier dans une feuille
Et la voir qui s’envole.
10. Faire place
Disparais un instant, fais place au paysage,
le jardin sera beau comme avant le déluge,
Sans hommes, le cactus redevient végétal,
Et tu n’as rien à voir aux racines qui cherchent
Ce qui t’échappera, même les yeux fermés.
Laisse l’herbe pousser en
dehors de ton songe
Et puis tu reviendras voir
ce qui s’est passé.
11. LETTRE À L’ÉTOILE
Tu es de celles qui savent
Lire par dessus l’épaule,
Je n’ai même pas besoin
Pour toi,de chercher mes
mots,
Depuis longtemps ils
attendent,
À l’ombre de mon silence
Derrière les lèvres closes
Et les distances moroses
À force d’être si grandes.
Mais, vois, rien ne les
dénonce,
Nous ne sommes séparés
par fleuves ni par
montagnes,
Ni par un bout de campagne,
Ni par un seul grain de blé.
Rien n’arrête mon regard
Qui te trouve dans ton gîte
Plus vite que la lumière
Ne descend du haut du ciel
Et tu peux me reconnaître
À la luisante pensée
Qui parmi tant d’autres
hommes
Élève à toi toute droite
Sa perspicace fumée.
Mais c’est le jour que je t’aime
Quand tu doutes de ta vie
Et que tu te réfugies
Aux profondeurs de moi-même
Comme dans une autre nuit
Moins froide, moins
inhumaine.
Ah sans doute me trompé-je
Et vois-je mal ce qui est,
Tu n’auras jamais douté
Toi si fixe et résistante
Et brillante de durée,
Sans nul besoin de refuge
Lorsque le voile du jour
À mon regard t’a celée,
Toi, si hautaine et
distraite,
Dès que le jour est tombé
Et moi qui viens et qui vais
D’une allure passagère
Sur des jambes inquiètes,
Tous les deux faits d’une
même étoffe
Cruellement différente
Qui me fait baisser la tête
Et m’enferme dans ma
chambre.
Mais tu as tort de sourire
Car je n’en ai nulle envie,
Tu devrais pourtant
comprendre
Puisque tu es mon amie.
12. L’ESPÉRANCE
Dans l’obscurité pressentir
la joie,
Savoir susciter la fraîcheur
des roses,
Leur jeune parfum qui vient
sous vos doigts
Comme une douceur cherche un
autre corps.
Le cœur précédé d’antennes
agiles,
Avancer en soi, et grâce à
quels yeux,
Éclairer ceci, déceler cela,
Rien qu’en approchant des
mains lumineuses,
Mais dans quel jardin
erre-t-on ainsi
Qui ne serait clos que par
la pensée ?
Ah pensons tout bas,n’effarouchons
rien,
Je sens que se forme un
secret soleil.
13. LA MER SECRÈTE
Quand nul ne la regarde,
La mer n’est plus la mer,
Elle est ce que nous sommes
Lorsque nul ne nous voit.
Elle est ce que nous sommes
Lorsque nul ne nous voit.
Elle a d’autres poissons,
D’autres vagues aussi.
C’est la mer pour la mer
Et pour ceux qui en rêvent
Comme je fais ici.
14. LA TERRE
Éprise de ses fruits,
Distraite jour et nuit...
Voulez-vous une orange,
Voici tout l’oranger ;
Voulez-vous une plante,
Voici tout le verger.
Allongez-vous la main
Pour saisir une rose,
La terre n’en sait rien,
Vous n’êtes pas en cause.
Elle songe en son sein
À de nouvelles roses,
Cachant mille couleurs
Dans sa boueuse gloire
Où les futures fleurs
Sont encore toutes noires
15.SURVIVRE
C’est un toit gris qui surcharge
D’une vallée inondée,
C’est le haut d’un peuplier
dont le reste est coquillages.
C’est quelque chose qui flotte
Très loin et tout près d’ici,
Et qui berce son souci
Dans un flot, puis dans un autre.
C’est l’âme d’un corridor
Entre des murs écroulés,
Une volute enroulée
De l’autre côté du sort,
Une tête renversée
Sur ses intimes pensées.
Le silence perd le nord
Et chantonne dans la mort.