冬 ジルベール・クールに
それでも私にも言葉に羽をつけることならできた
空中をきらめきながら旋回して行くのを眺めていると
光照らされた明るみへ誘われ
凍てつく十二月に閉じこめられているのだろうか
声なき年寄りのように 窓の陰で
一刻ごとに闇はつのり 記憶の中をうろつき
笑うとすれば その明るい通りを横切ったから
目を閉じた別の影に出くわしたから 今も
もう何年もの間 十二月のように冷たい
その人は遥か遠く雪の下で燃えている
もし私が黙ったら誰が、ずっと光っていてほしいと
他の火といっしょに亡骸の森へ沈み込まないようにと
言うだろう?誰が、この暗闇の中に露の道を開いてくれるだろう?
しかしもう、ごくわずかな呼びかけがあって
草むらには夜明け前の気配がうかがい知れる。
L’Ignorant L’encre p.35
L’HIVER à Gilbert Koull
J'ai su pourtant donner des ailes à mes paroles,
je les voyais tourner en scintillant dans l'air,
elles me conduisaient vers l'espace éclairé... '
Suis-je donc enfermé dans le glacial décembre
comme un vieillard sans voix, derrière la fenêtre
à chaque heure plus sombre, erre dans sa mémoire,
et s'il sourit c'est qu'il traverse une rue claire,
c'est qu'il rencontre une ombre aux yeux clos,maintenant
et depuis tant d'années froide comme décembre...
Cette femme très loin qui brûle sous la neige,
si je me tais, qui lui dira de luire encore,
de ne pas s'enfoncer avec les autres feux
dans l'ossuaire des forêts?Qui m'ouvrira
dans ces ténèbres le chemin de la rosée?
Mais déjà, par l'appel le plus faible touchée,
l'heure d'avant le jour se devine dans l'herbe.
L’Ignorant "L’encreserait l'ombre" Poèsie Gallimard p.35