2014年1月14日火曜日

フランス詩 フィリップ・ジャコテ L'Hiver


冬                ジルベール・クールに

それでも私にも言葉に羽をつけることならできた
空中をきらめきながら旋回して行くのを眺めていると
光照らされた明るみへ誘われ

凍てつく十二月に閉じこめられているのだろうか
声なき年寄りのように 窓の陰で
一刻ごとに闇はつのり 記憶の中をうろつき
笑うとすれば その明るい通りを横切ったから
目を閉じた別の影に出くわしたから  今も
もう何年もの間 十二月のように冷たい

その人は遥か遠く雪の下で燃えている
もし私が黙ったら誰が、ずっと光っていてほしいと
他の火といっしょに亡骸の森へ沈み込まないようにと
言うだろう?誰が、この暗闇の中に露の道を開いてくれるだろう?

しかしもう、ごくわずかな呼びかけがあって
草むらには夜明け前の気配がうかがい知れる。






 L’Ignorant                               L’encre p.35


L’HIVER     à Gilbert Koull

J'ai su pourtant donner des ailes à mes paroles,
je les voyais tourner en scintillant dans l'air,
elles me conduisaient vers l'espace éclairé... '

Suis-je donc enfermé dans le glacial décembre
comme un vieillard sans voix, derrière la fenêtre
à chaque heure plus sombre, erre dans sa mémoire,
et s'il sourit c'est qu'il traverse une rue claire,
c'est qu'il rencontre une ombre aux yeux clos,maintenant
et depuis tant d'années froide comme décembre...

Cette femme très loin qui brûle sous la neige,
si je me tais, qui lui dira de luire encore,
de ne pas s'enfoncer avec les autres feux
dans l'ossuaire des forêts?Qui m'ouvrira
dans ces ténèbres le chemin de la rosée?

Mais déjà, par l'appel le plus faible touchée,
l'heure d'avant le jour se devine dans l'herbe.


    L’Ignorant     "L’encreserait l'ombre" Poèsie Gallimard p.35

2014年1月7日火曜日

haïku traduit en français  Tae Kakimoto

 柿本多英  昭和3年生まれ 滋賀県大津市在住
  Tae Kakimoto(1928)


 句集「花石」 深夜叢書1995


1. 束の間を 燃ゆる山かな椿かな(つかのまを もゆる やまかな つばきかな)

    Un seul instant
           le camélia rougit
           et la montagne s’embrasse




2. 雪の夜の轍が胸底に残る(ゆきのよの わだちが むなそこに のこる)

    Dans la nuit neigée
           Les ornières reflètent encore
           au fond de mon cœur








3. 人の息 降るかと思う 星月夜(ひとのいき ふるかと おもう ほしづきよ)

    Comme s’il pleuvait des soupirs
scintillants
           La nuit constellée d’étoiles


La fin de l'automne  フランシス・ポンジュ

 秋の終わり           

どんな秋にしろ、終わりは冷めたハーブティーでしかない。あらゆるエッセンスの枯葉が雨に浸される。腐敗でも新酒の醸造でもなく、春まで待ってやっと木の根元の表面に厚布が張り付けられるという効果を見る。
落葉は無秩序に成される。投票所の扉が全部閉じたり開いたりバタンバタンと音をたてながら「くずかごヘー、はい、くずかごへー」自然は自分の原稿を破り捨て、本箱をつぶし、今年実った新しい果実を叩き落とす。
 それから彼女(自然)は、はたと立ち上がり仕事の席を離れる。ほどなく彼女の巨大な像が姿を見せる。髪は乱れ頭部は霧の中。両手を垂らしたまま陶然として凍てつく風を吸い込み、それが思考を蘇らせる。日は短く日はすぐに暮れコミックはもう役に立たない。他の天体に囲まれた大気に覆われ、大地は勤勉な態度を取り戻す。光に照らされた部分は、より狭く入り込んだ影の谷。まるで浮浪者の履くような靴には水が染みこんで、歩けば音楽になる。       
 この泥沼状態かつ健全な両義性の中で全てが力を取り戻し、石から石へ飛び跳ねて野原を変化させる。小川もどんどん広がって行く。
 これがいわゆる大掃除、しかも合意なしの裸同然で骨まで水浸しにされる。
 それがけっこう長引いてなかなか乾かない。この調子で三ヶ月に及ぶ有効な反省の間、内部循環系の反応もなく、身を覆うガウンも手袋無しに。それでも彼女のしっかりした気質は持ち堪える。
 というわけで、何をすべきか、どこから戻るか心得ているかのように再び小さな芽が出始め、おずおずと膨らみ赤らんで来たなら、それは物の道理を知ってのことだ。
 しかし、そこでまたもう一つの物語が始まり広がるとしても、私がここらで線を引こうと考えている黒い定規の気配は無い。









LA FIN DE L'AUTOMNE (1967)    Francis PONGE

                                  Le parti pris des choses p.33 Poésie / Gallimard 2008

   Tout l'automne à la fin n'est plus qu'une tisane froide. Les feuilles mortes de toutes essences macèrent dans la pluie. Pas de fermentation, de création d'alcool : il faut attendre jusqu'au printemps l'effet d'une application de compresses sur une jambe de bois.
   Le dépouillement se fait en désordre. Toutes les portes de la salle de scrutin s'ouvrent et se ferment, claquant violemment. Au panier, au panier! La Nature déchire ses manuscrits, démolit sa bibliothèque, gaule rageusement ses derniers fruits.
   Puis elle se lève brusquement de sa table de travail. Sa stature aussitôt paraît immense. Décoiffée, elle a la tête dans la brume. Les bras ballants, elle aspire avec délices le vent glacé qui lui rafraichit les idées. Les jours sont courts, la nuit tombe vite, le comique perd ses droits.
   La terre dans les airs parmi les autres astres reprend son air sérieux. Sa partie éclairée est plus étroite, infiltrée de vallées d'ombre. Ses chaussures, comme celles d'un vagabond, s'imprègnent d'eau et font de la musique.
   Dans cette grenouillerie, cette amphibiguïté salubre, tout reprend forces, saute de pierre en pierre et change de pré. Les ruisseaux se multiplient.
   Voilà ce qui s'appelle un beau nettoyage, et qui ne respecte pas les conventions! Habillé comme nu, trempé jusqu'aux os.
   Et puis cela dure, ne sèche pas tout de suite. Trois mois de réflexion salutaire dans cet état; sans réaction vasculaire, sans peignoir ni gant de crin. Mais sa forte constitution y résiste.
   Aussi, lorsque les petits bourgeons recommencent à pointer, savent-ils ce qu'ils font et de quoi il retourne, - et s'ils se montrent avec précaution, gourds et rougeauds, c'est en connaissance de cause.

   Mais là commence une autre histoire, qui dépend peut-être mais n'a pas l'odeur de la règle noire qui va me servir à tirer mon trait sous celle-ci.