2022年5月1日日曜日

Soleil couchant



Lac Shinjiko







 Soleil couchant                      à ma mère Misako        


                                                               Miyoko Miyazawa     



   L’obscurité du crépuscule fait ressortir une légère lumière  rémanente.

Dans ces dernières années, je me souviens souvent de la vue nocturne du Lac-Shinji pleine de nostalgie de ma région natale. Quand je pense à cette lumière, je deviens immédiatement un voyageur, où que je sois.

   “ Il devrait neiger à cette période de l’année”, dit d’une voix forte un chauffeur de taxi que j’ai pris de la gare de Matsue pour aller voir ma mère à l’hôpital.

“ Regardez, c'est ça, un temps anormal. ”

Certes, aujourd'hui il fait anormalement chaud pour novembre dans cette région de Sanin.

    Maintenant la vue sur la route au bord du lac est en plein milieu du crépuscule et ainsi la fenêtre arrière du taxi me donne un petit spectacle superbe.

Je me retourne et retourne comme un enfant, et répète “Que c'est beau!”.

 “ Mais vous ne pourriez pas arrêter la voiture ici?”

 “ Non, mais si vous avez le temps, pourquoi ne pas passer au musée, je vous attendrais d’en face.”

“Oh, oui, je me demande s’il est encore temps, mais alors ... ”

    Le musée qui ferme à l’heure du coucher du soleil a été construit en harmonie avec des paysages faits d’eau et de ciel du lac Shinji.




Le hall de ce musée a de grandes fenêtres tout en verre donnant sur le lac qui fait une belle image « empruntée ». Lorsqu'il n'y a pas d'exposition d'un sujet populaire, ce lac diffuse la lumière comme une présentation des paysages permanents.Ou encore, c’est un endroit où le paysage rivalise avec l’art alternativement.

    De là, les personnes qui ont été illuminées par le soleil couchant sortent l'une après l'autre tout en ayant de la chaleur sur leurs corps. Alors que je vais contre le flux, à l’arrière du musée face au lac.  

 Quand je m'approche de ce lac, j'ai toujours l'impression que mon cœur va osciller et s’exalter. Mon lac imaginaire que je garde en moi est ici maintenant, juste devant moi, et je vois avec mes propres yeux…je ne peux pas croire que cela arrive par hasard.

Le ciel au-dessus du lac est exceptionnellement large. Il imite les gestes de l’eau et se balance avec ses nuages flottants comme des vagues. Alors le temps va grandir aussi lentement avec eux.

   En plus, le lac ne se teint comme les arbres et les rochers des montagnes qui sont embrasées par le soleil. Ici, le soleil se dissout dans l'eau et ne fait qu’un avec elle. Comment dirait-on la bonté de la lumière qui se charge de l’eau ? L'eau murmure à la lumière d’une voix tremblante.  : “Il est encore trop tôt pour partir, alors je veux, que vous restiez, ici un peu, un peu plus longtemps.”

  Ah! J’ai oublié le taxi. Retourner vite. Avec la rémanence sur le dos, j’ai progressivement accéléré et au dernier virage, je me suis précipitée vers le taxi comme j’avais eu l’intention de le faire au début.

 

 En arrivant à l'hôpital, dans le hall du centre de rééducation, beaucoup de patients se sont réunis  autour de huit tables avec leurs béquilles ou dans des fauteuils roulants.

Ils portaient des tabliers, ils attendaient tranquillement que le repas soit servi.

On avait l’impression qu’ils attendaient un lever de rideau sur une pièce. 

 Où est ma mère? Elle était là. Ses petites épaules dans un cardigan blanc contenues dans une chaise. Ses cheveux noirs de jais qui ont été raides pendant de nombreuses années sont coupés courts et d'une belle couleur grise.

“Maman, c’est moi, Nanako.”

“Eh bien, je suis surprise. Tu viens de loin!”

 Le dîner prend des mesures selon l’état du malade et les conditions physiques de chaque hospitalisé.

 Ma mère, qui est presque incapable de mâcher, est contente de voir le poisson frit.

C'est une pâte aussi délicate avec la chapelure et la farine de blé, mais qui garde une petite texture rugueuse. Le ketchup rouge brille sur la pâte rissolée.

Quand j'en ai glissé un morceau dans ma bouche, la chair du poisson, que je sentais clairement, s'est répandue et a fondu. Les sentiments de la personne qui l'a cuisiné sont inclus.

 

 Engagé dans une conversation animée avec des infirmières, toute la salle reçoit une chaleur puissante. Même ceux qui ont survécu à une intervention chirurgicale majeure qui se sont enfin assis devant la table peuvent se joindre avec quelques mots et de légers mouvements.

Ma mère, qui a été hospitalisée pour une maladie soudaine il y a trois mois, était dans un état dangereux et elle  ne pouvait même pas boire de l’eau. Mais maintenant elle est capable de se lever, de s'asseoir et de manger.

Sa mémoire est ambiguë, et elle ne peut pas vraiment comprendre s'il s'agit d'un restaurant ou d'un hôpital, et tout en montrant un rire peu fiable, elle se réjouit que la nourriture soit délicieuse. Je suis contente de sa petite joie.

  Quand je porte doucement la bouillie avec une cuillère dans sa bouche vermeille sans rouge à lèvres, elle serre bien sa bouche, la met dedans et en avale le contenu.

Au fur et à mesure que je le répétais, le sentiment que j'avais lorsque je nourrissais mon bébé s'est ravivé. Plaisir de faire manger avec un certain rythme.

Qu'est-ce que c'est? Est-ce un renversement de l'instinct maternel ?

Quand j'y ai pensé, j'ai souri intérieurement. On dit que nous tombons amoureux selon des schémas ADN, que nous avons des enfants et que nous mourons d'envie de les élever en bonne santé, mais ma mère est comme mon enfant pour le moment.


 Soudain, un grand rire éclate. C’est de la table avec un vieux monsieur qui m’inquiétait depuis quelque temps. Il restait immobile d’un air inexpressif, alors je me suis sentie triste par pitié et j'ai détourné les yeux. Serait-il impossible pour lui de manger ici avec les autres.

   Mais maintenant je vois un sourire léger sur la bouche de ce patient.  Ses joues se colorent de plus en plus en prenant les doigts de l’infirmière.

Oui, ça c'est la couleur du cœur qui apparaît sur le visage.

   Tout en attirant les regards de tout le monde, une infirmière experte lui serre et secoue la mains de ses deux mains blanches, et poursuit la conversation presque unilatéralement, mais doucement et joyeusement. Une grande vague de rire se produit à nouveau. Quelqu'un a dit à un médecin qui était à un pas de tout le monde : “ Voudriez-vous être traité comme lui? "

    Peut-être qu'un échange aussi ordinaire représente quelque chose comme une « essence » irremplaçable pour ceux qui essaient de se remettre d'une situation très difficile. Je le savais. Mais tout le monde ne peut pas le faire. Et je suis sûr qu'il y aura une récompense pour tous ceux qui le feront. C’est quelque chose d'étrange qui brille et disparaît sur place.

    L’autre jour quand j'ai été informée au sujet d’une maladie soudaine de ma mère, j'ai pensé que je ne pourrais peut-être plus la voir. Mais quand je me suis précipitée vers elle avec dans mon cœur un nuage sombre et arbitraire, ma mère s'est tournée vers moi depuis un coin du centre de soins intensifs et m’a dit : " Tiens."

C’est comme cet étincellement que j’ai retrouvé quand elle a ouvert sa bouche.

   

   Lorsque j’ai quitté l'hôpital, la brise nocturne froide caressait mon cou. Et j'ai remarqué que mon cœur était presque aussi chaud que la lumière du soleil couchant sur le lac.     



2021年12月1日水曜日

à Marie

à Marie                                                          Miyoko Miyazawa              

   Vite! On n'attend pas le prochain feu, m'a dit Marie avec des yeux impatients qui semblaient me blâmer. Mais attends un peu, c'est toi qui m'as conseillé d'acheter mes fleurs favorites.

     Ensuite, j'ai acheté un pot de cactus de Noël. C'en était donc fini de cette histoire à nous. Ce jour-là, nous nous sommes quittées au croisement devant la boutique de la fleuriste.


    Ce jour là, je suis arrivée chez elle vers midi, un peu en retard au rendez-vous.

À la porte, Marie fait la moue en levant les yeux au ciel qui restait caché derrière les nuages. Elle a apporté deux parapluies transparents de l’arrière de la maison, et en les accrochant fermement à son bras, m’a proposé de nous promener jusqu'à la gare suivante pour déjeuner.

    L'autre jour, en octobre, quand nous avions fêté son anniversaire, elle avait l'air fatiguée.  J’ai même eu parfois l’impression qu’elle souffrait de douleurs, et elle n’avait pas pu beaucoup marcher. Mais aujourd'hui elle marche d'un pas léger.

   Au moment où nous avons porté un toast pour son anniversaire, elle m'a dit :

« Puisque je n'aurai pas la chance de te féliciter pour ton anniversaire au mois de janvier, je te le dis maintenant, un peu à l'avance : Bon anniversaire おめでとう(Omedetô)! »

C’était sans hésitation ni aucun regret, mais avec sa tendresse la plus cruelle mélangée dans un verre de vin rouge.  En secouant le verre de ce liquide  couleur rubis, elle me regardait droit dans les yeux, mais  les yeux seulement entrouverts pour dissimuler son émotion.

Attends, un moment, je vais prendre “une photo de Marie”, c'est pour moi, je t'en prie. 

- Oui, si tu veux, malgré moi, しかたがないね (shikata ga nai ne) mais c'est pour toi seule, hein ? Elle détestait se faire prendre en photo.

    Maintenant elle accepte tout ce qui lui arrive. Elle se voit finir. J'ai ri, n'ayant pu ni raidir les traits de mon visage ni me mettre en colère. Et j'ai pris une photo d'elle de face delle, installée à la belle table préparée pour une fête, avec des plats de cuisine japonaise.  Après cette petite cérémonie, j’ai pleuré au bord de la rivière Kamo, à Marutamachi. Quand le vent soufflait, la lumière à la surface de la rivière scintillait tout en émettant une couleur jaune transparente, et le bruit sec des feuilles mortes résonnait bruyamment dans les oreilles.   

  Cependant aujourd’hui va être une bonne journée, je suis enivrée par l’illusion que nous n’avions aucune inquiétude à nous faire. Marie, elle aussi a l'air contente, me présente ce quartier qui s’est développé aux portes du temple Myoshin-ji, avec la rue commerçante et de vieux magasins.

Elle s'arrête à côté d'un boutique de légumes qui présente des spécialités de Kyoto.

Mais si on fait une devanture comme cela, sur la rue où circulent des véhicules, les légumes organiques doivent être pollués et cela me fait passer mon envie d’en acheter : Marie défend la cause de la nature de manière un peu sévère, et parle d'une voix forte. Mais cela ne fait rien, parce qu'elle dit tout cela en français.

La confiserie japonaise, la boucherie qui vend des volailles, la blanchisserie et le salon de coiffure... Puis, on voit une masse d’ombres de personnes mises en costume noir, sortir du temple Myoshin-ji pour entrer dans un restaurant de cuisine maigre juste devant ce temple. C'est un mouvement né d’une énergie mystérieuse, comme une sorte d'oraison pendant quelques dizaines de secondes.

     Ensuite elle recommence à parler de plein de choses.  C'est mardi aujourd'hui et son mari rentre l’après midi de son bureau pour regarder une émission sur des matchs de Kendo à la télé. Elle a terminé ses lavis de façon vraiment satisfaisante. 

- Et maintenant tu dois faire des vers en japonais et aussi en français qui soient conformes à mes lavis. Dépêche-toi, いそいで (Isoide) : on n'a pas plus de temps.


     Elle s'arrête devant la porte du petit temple Hôkongôin bordé de feuilles jaunies et rougies de l'automne. 

-  Il y a un étang avec de beaux lotus, tu dois y retourner à la saison de la floraison au mois de mai !


   En écoutant son discours, on arrive à la gare suivante. Tu as bien marché, Marie, pas fatiguée? Ça va? Dans l'avenir, si tu as des difficultés pour marcher toute seule, je te ramènerai sur une chaise roulante. En disant cela, j'étais résolue à le faire ...

      Dans son restaurant favori, soit disant populaire, on commande un menu à prix fixe avec du poisson cru, des Tenpura et un cyawan-mushi (flan à l'œuf et au poulet servi très chaud dans une tasse). On a parlé pendant trois heures de notre prochain livre.

Peins tes lavis! Écris tes poèmes!

Depuis le début de cette année nous  discutions de tout franchement.

Peins tes lavis! Écris tes poèmes!

      Pour nous inspirer et évoquer une puissance, elle m'amène dans son endroit secret au bord de la rivière ou elle passe régulièrement son temps toute seule. Dans ses peintures on trouve un arbre et j'ai retrouvé devant moi cet arbre. Elle m'a proposé de nous promener ensemble plusieurs fois, mais j'étais occupée ses derniers mois - par quoi donc étais-je  occupée ? - je me le demande.  

- Marie, je vais y aller le printemps prochain. 

     Ainsi que sur le chemin de Kumanokodo, elle aurait voulu faire cette promenade avec ses amis.

L’été, je l'ai invitée à faire un voyage à Izumo. Parce qu'elle aimait se sentir enveloppée dans la vaste atmosphère d’un sanctuaire. Dans ses derniers temps elle avait besoin d’un endroit calme. Elle a essayé aussi de suivre la méthode  Qi Gong (気功)chaque matin, qui est proche du shintoïsme, pour avoir la conscience en paix, et pour améliorer la circulation du sang. 

  Mais elle a répété non. Je ne veux déranger personne. J'ai peur de me sentir mal pendant le voyage. Si je casse mon pied dans l’escalier d’un temple, je ne pourrais pas marcher après. Si j'ai mal au dos pendant la nuit, que pourrais-tu faire?

      Elle adore aussi la statue Ashura, à Nara. Mais justement les jours où elle est allée à Nara, Ashura-san n’était pas là. Ah, j'aurais dû examiné le programme du musée de Koryu-ji pour organiser une visite inoubliable !


     Quand je lui pose quelques questions sur ma traduction d'un roman français, tous d'un coup, elle prend l’air sérieux d’un professeur et commence à m’expliquer tout en détail. Tu dois le terminer, moi, je suis toujours prête à t’aider. Non, non c'est pas comme ça. Quand je n’y comprends rien, elle tend en avant son menton, serre ses lèvres, puis me donne plusieurs exemples jusqu'à ce que je comprenne.


      Quand elle parle avec ses amis japonais, ses paroles mêlent des mots japonais notamment des adverbes et des conjonctions. Dakara, tatoeba, daïtaï, toka, yappari...  Je ne peux pas supporter la conversation en français avec une personne qui parle japonais. Je ne me sens pas à l'aise parce qu'il n'y a pas la nécessité de parler français. Et mon cerveau ne marche qu’avec ma langue maternelle. De sorte que j'adore Marie. 

Excuse-moi. Gomen-ne, Marie.


     Je voudrais ajouter une autre raison  pour laquelle  j'aime Marie. C'est une attitude commune à presque tous mes amis français. Ils ne disent jamais "intéressant" s'ils ne le pensent pas du fond du cœur. De ce point de vue, j'ai confiance en eux. Bien sûr chacun a son goût parfaitement individuel. Et il y a une grande différence entre leurs paroles dans l'amitié, dans la relation amoureuse et leurs avis en ce qui concerne la valeur des choses, de la culture et de l'humanité.

     D'habitude, nous, les Japonais, nous aimons utiliser des mots vagues et sophistiqués dans la conversation. En observant de quel côté vient le vent.

Dans sa tête, tout en se demandant si on est pour ou contre l’autre, en même temps on garde un visage souriant, ce qui n’est toutefois quand même pas la même chose que la charité de Bouddha et de Maitreya.

Et si on ose  critiquer les autres, on a souvent tendance à prendre de grands airs ou bien à se montrer servile malgré soi.


    Probablement, au cours des époques où il était difficile de parler franchement, la façon de penser pour sympathiser avec les autres, qui était une des vertus des Japonais du bon vieux temps, s’est-elle maladroitement déformée.

Cette attitude indépendante serait un peu mieux que de froisser les autres ou que d’éprouver des regrets. Cela marche entre nous, Japonais, mais cela cause un malentendu dans certains cas délicats. Raison de plus avec des étrangers.

     Pendant une année, en visitant des sanctuaires, des temples, à Kyoto avec des amis de Marie, j'ai eu une bonne occasion pour mieux connaître la façon française de vivre une amitié.

Il n'est pas facile de voir la vérité dans une amitié.

Il n'y a pas d’autre moyen que d’être sensible au moment qui n’est que maintenant, les mains tendues vers l’autre, échangeant des paroles, tantôt pleurant tantôt riant … Sinon on finirait par ne pas même comprendre ce qu’on ne comprend pas. 

Car un jour, de fait, on ne pourra plus se voir.


     On sent le chemin du retour comme étant plus long. De temps en temps elle a dû s'arrêter quelques minutes pour se reposer. Mais quand nous avons passé son magasin de vin préféré, elle m'a fait un sourire. Elle a acheté un cidre et des amandes sans sel. Elle prend plaisir à boire du vin et à faire des bonsaï ( Kore to kokedama dake ga ima tanoshimi. )

Moi, j'ai choisi des olives et des herbes aromatiques provençales qu'elle m'avait conseillées l'autre jour.

Les supermarchés relient les hommes à la société de consommation et nous permettent de garder notre esprit sain et constructif dans le présent. Sur les étagères s’alignent les « moi » que nous allons choisir librement pour demain ou pour la semaine prochaine.


  Eh bien, tu connais cette rue qui t'emmènera à la gare ... Moi, je vais dans la direction opposée. Sa vivacité pendant ses dernières heures m’a fait sentir comme si j’étais dans un rêve. Marie, le dos courbé, la tête baissée, retourne chez elle tout doucement. Les deux parapluies dont on n’a finalement pas eu besoin sont maintenant lourds à son bras.Sa silhouette vue de dos fait réapparaître des nuages gris qui restaient cachés dans un endroit inconnu au fond de mon cœur.Envahie par l'envie irrépressible de l'embrasser encore une fois, je me tiens debout jusqu'à ce qu'elle disparaisse  de l'autre côté du chemin.


Le vent d'En-machi devait savoir que tout à une fin : L'air s'est arrêté un instant.

Il n'y a plus de feu vert pour nous.

Mais que m’a-t-elle dit, quand nous nous sommes quittées ?

- Bien, bon courage!                                                                 


                                le 1 décembre 2015






2021年11月10日水曜日

Le voyage de Chihiro いつも何度でも

Le voyage de chihiro       

               Paroles: Wakako Kaku  Traduction: Miyoko Miyazawa



                

“ Toujours comme pour la première fois "


Une voix m’appelle dans mon coeur, juste au fond de moi 

comme toujours pour me faire de beaux rêves exaltants 

Malgré que nos chagrins ne se comptent plus 

après la tristesse je te retrouverai 


Chaque fois qu'on répète les erreurs encore et encore

on ne connaît simplement que le bleu du ciel

Le chemin long semble interminable mais

je peux prendre la lumière dans mes bras


Le silence se fait quand on dit adieu

Le corps vide l’écoute avec son esprit 

Que de merveille de la vie, merveille de la mort!

Les fleurs, le vent et la ville sont tous les mêmes

la la la la…

ho ho ho ho…


Une voix m’appelle dans mon coeur à l’intérieur de moi

Dessiner les rêves toujours comme pour la première fois 

Plutôt que de compter le nombre de peines

mes lèvres veulent chanter la tendresse 


Dans les souvenirs qui se ferment  encore et encore

J’entends des murmures que je ne veux pas oublier

Même sur un miroir brisé en morceaux 

s'y reflètent de nouveaux paysages 


La fenêtre calme à l’aube du commencement des choses

Mon corps vide se remplit de mieux en mieux

Je ne regarderai plus au-delà de la mer

des choses lumineuses qui sont toujours là

Je les ai retrouvées à l’intérieur de moi.




呼んでいる 胸のどこか奥で

いつも心踊る 夢を見たい

 

悲しみは 数えきれないけれど

その向こうできっと あなたに会える

 

繰り返すあやまちの そのたびひとは

ただ青い空の 青さを知る

果てしなく 道は続いて見えるけれど

この両手は 光を抱ける

 

さよならのときの 静かな胸

ゼロになるからだが 耳をすませる

 

生きている不思議 死んでいく不思議

花も風も街も みんなおなじ

 

ララララ・・・

ホホホホ・・・・・

 

呼んでいる 胸のどこか奥で

いつも何度でも 夢を描こう

 

悲しみの数を 言い尽くすより

同じくちびるで そっとうたおう

 

閉じていく思い出の そのなかにいつも

忘れたくない ささやきを聞く

こなごなに砕かれた 鏡の上にも

新しい景色が 映される

 

はじまりの朝の 静かな窓

ゼロになるからだ 充たされてゆけ

 

海の彼方には もう探さない

輝くものは いつもここに

わたしのなかに 見つけられたから




 千と千尋の神隠し 主題歌「いつも何度でも」

  歌詞 覚和歌子 フランス語訳 宮澤みよ子

2020年6月25日木曜日

Il pleure dans mon coeur Paul Verlaine



Romances sans paroles (1874)

Il pleure dans mon coeur : Paul Verlaine(1844-1896)


              --------    Il pleut doucement sur la ville (Arthur Rimbaud)


  Il pleure dans mon coeur

  Comme il pleut sur la ville ;

  Quelle est cette langueur

  Qui pénètre mon coeur ?


  O bruit doux de la pluie

  Par terre et sur les toits ! 

  Pour un coeur qui s'ennuie,

  O le chant de la pluie !


  Il pleure sans raison

  Dans ce coeur qui s’écœure.

  Quoi ! nulle trahison ?...

  Ce deuil est sans raison.


  C'est bien la pire peine

  De ne savoir pourquoi

  Sans amour et sans haine

  Mon coeur a tant de peine !



無言の恋歌 忘れた小曲 その3 ポール・ヴェルレーヌ


 心のうちに涙ふる   宮澤みよ子訳

             ----------     街に静かに雨が降る  (アルチュール・ランボー)



心のうちに 涙ふる

街にも雨の ふるように

この切なさは 何だろう

わが心根に 染みとおる


かくもやさしき 雨音は

地にも屋根にも響きつつ

もの憂き心 なぐさめよ

ああ雨の音 雨のうた


謂れもなしに 涙ふる

憂いに嘆く わが心

何の背きも ないものを

わが喪の思い 故しれず


思いのたけの 苦しみよ

何の定めか 故知れず

愛も恨みも なきものを

かくも苦しき わが心 

 

( 七五調) 






心に涙雨

街にも降るように

心に染みとおる

何という切なさ


やさしき雨音よ

路地に屋根に響く

もの憂い心根を

雨の歌なぐさめ


いわれなくふる雨

やるせない心に

何の背きもなく

故なき哀しみよ


故知れず嘆くは

苦しみ耐えがたし

愛も恨みもなく

さても苦しみのみ 


(九音)


2020年5月7日木曜日

Le Sylphe - Paul Valery   風の精




Le Sylphe - Paul Valery 

  Ni vu ni connu 
  Je suis le parfum 
  Vivant et défunt 
  Dans le vent venu!

  Ni vu ni connu 
  Hasard ou génie ? 
  A peine venu 
  La tache est finie!

  Ni lu ni compris ? 
  Aux meilleurs esprits 
  Que d'erreurs promises ! 

  Ni vu ni connu, 
  Le temps d'un sein nu 
  Entre deux chemises!


  風の精    

       見ずや知らずや
       我は香りぞ
       有りや無しやの
       寄せくる風に

       見ずや知らずや
       奇遇か才か
       来れば忽ち
       跡かたもなし
  
       読めず解せず
       優れた機知も
       しでかす定め
   
       見ずや知らずや
       はだけた胸を
       垣間見るやに




 風の精

見えない 知られない
わたしは香り
鮮やかに しかも儚く
吹く風の中にいる

見えない 知られない
偶然か 閃きなのか?
来た途端にもう
跡かたもなくなる

読まれず 理解されない?
秀でた精神にさえ
思い違いと決まっている

見えない 知られない
着替えの間に胸があらわになる
その束の間さながら

2018年7月15日日曜日

À l’Ange 天使に R. M. Rilke

À l’Ange                                         

Lampadaire tranquille et fort            
sur ce rebord qui précise la nuit,     
nous nous dissipons en doutes       
contre ton socle inéclairé.               

notre lot : ne savoir sortir                
du cercle en nous, qui égare.           
Tu te lève sur nos entraves             
et les enflammes comme une alpe.

Ta joie surplombe notre zone,
à peine en touchons-nous la lie.
comme la pure nuit de l’équinoxe,
tu départages jour et jour.

Qui pourrait rien te faire boire
du philtre secret qui nous trouble?
Tu tiens de tout ce qui est grand ta force
et nous n’avons d’usage que du moindre.

Pleurant, nous sommes tout juste émouvants,
levant les yeux, guère plus qu’éveillés.
Notre sourire n’entraîne pas loin 
et même s’il entraîne, qui le suit?

N’importe qui. Ange, est-ce là me plaindre?
Mais comment plainte serait-elle à moi?
Ah, je crie, je tape à deux bâtons 
et je ne pense pas être entendu.

Mon bruit sur toi ne sonne pas plus haut
si tu me sentais, puisque je suis.
Eclaire, éclaire ! Afin qu’on me voie mieux
parmi les autres. Car je me défais.

Poèmes Épars 1907-1926.      Choisis et traduits par Philippe Jacottet. 





天使に                 

燭台は静かにも雄々しく
そこからきっぱりと夜になり
疑わしきは我らの徒労
君の光なき足元にありて

宿命により我らは抜け出せず
内なる迷宮をさまよい巡る
君は我らの障壁の上に出で立ち
アルプスのように燃え上がらせる

君の歓喜が 我らの領域を凌駕し
我らは その澱に辛うじて触れるかどうか
エキノクスの澄み切った夜のように
君は 日と日を分かつ

誰が天使に飲ませることなどできよう
私たちを惑わせ濁らせる密やかな媚薬を

君はその力であらゆる大事をかかえ
我ら如きには小事が習い


泣いたとしても感動に過ぎず
目を上げたのも目覚めただけのこと
私たちの笑いは遠くまで届かず
たとえ誘おうとも誰がついていくだろう


誰でもいい。天使よ そこで私を哀れんでいるのか?
何の嘆きか 私を思ってのことか?
私は叫び 両手で拍子木を打ちつつ
聞こえている手応えはない

私の音など君の高みにまで響くものか
わかってほしい 私はここだと
輝け輝け 周りの誰より
私がもっと良く見えるように
なぜなら私は消えてしまう

                   仏和訳:宮澤みよ子