植生 フランシス・ポンジュ
雨だけが空と地面を繋ぐ線(ハイフン)を引くのではなく、他にも、より途切れなく織りなされた連結線があり、たとえ風がどんなに揺すろうともその織物は奪い去られない。季節により時には上手くいって、わずかばかりの物をそこから引き離し、この時とばかりに風の渦の中でばらばらにしようと力んではみるものの、ついには何も消し去ってはいないと知れる。
より近づいて見れば、そこはなんと巨大な実験室の夥しい入口の一つで、マルチフォルムの水理装置が林立し、どれもこれも単純な雨の柱よりはるかに複雑な独自の完成度で、レトルト(蒸留炉)、フィルター、サイフォン、蒸留器の仕組みを併せ持つ。
雨は地面に届く前に先ずこの装置に出会う。群がるように大小様々な奥行きを備えた小鉢状の装置に雨を受け止め、そこから次々に下へと注ぎ込んでついに最低層の鉢に至り、それでやっと大地が直に潤う。
かくして、彼らなりの方法でにわか雨の勢いを和らげ、大気現象の消えた後(雨上がり)の地面にけっこうなお湿りと、お恵みをしばし留める。雨の降る様を陽に輝かせるとは、植物ならではの能力だ、言い換えれば、悲しみから投げ槍に言い下された道理を、同様に敬虔な綿密さを以て受け入れられる道理として、喜ばしいという見方から提示できる力である。奇妙な仕事、謎めいた特質だと思う。
雨が降るにつれ背が伸びる、しかも雨より規則正しく慎み深く。さらにその成果と言うべきか雨が降らなくなっても成長する。そのあげく、彼らが顔を赤らめるほどの愛しさでつけたランプ、つまり人が果実と呼ぶ物の中にも、なお水があるではないか。
以上のようなことが、三次元織物種の物理的機能で、これはその他の特性として、とりわけ、これに生命を吹き込むある種の生気のため一般に「植生」と名付けられている、、、しかし私が何よりも主張したいのは、彼ら特有の合成を遂行したり、誰に頼まれなくとも(ソルボンヌの敷石の間にさえ)生えてくるのが、この植物装置を、動物つまりあらゆる放浪者に類似させているという一点だ。とは言え、彼らは住み着こうとするあらゆる場所に織物を織り、それがこの世界を支える土台の一つとなっている。
Végétation
La pluie ne forme pas les seuls traits d'union entre le
sol et les cieux : il en existe d'une autre sorte, moins intermittents et
beaucoup mieux tramés, dont le vent si fort qu'il l'agite n'emporte pas le
tissu. S'il réussit parfois
dans une certaine saison à en détacher peu de choses, qu'il s'efforce
alors de réduire dans son
tourbillon, l'on s'aperçoit à la fin du compte qu'il n'a rien dissipé du tout.
A y regarder de plus près, l'on se trouve alors à l'une des mille portes d'un immense laboratoire, hérissé d'appareils hydrauliques multiformes, tous beaucoup plus
compliqués que les simples
colonnes de la pluie et doués d'une originale
perfection : tous à la fois cornues, filtres,
siphons, alambics
Ce sont ces appareils que la pluie rencontre justement
d'abord, avant d'atteindre le sol. Ils la reçoivent dans une quantité de petits bols, disposés en foule à tous les niveaux d'une plus ou moins grande profondeur,
et qui se déversent les uns
dans les autres jusqu'à ceux du degré le plus bas, par qui la terre enfin
est directement ramoitie.
Ainsi ralentissent-ils l'ondée à leur façon, et en gardent-ils longtemps
l'humeur et le bénéfice au sol après la disparition du météore. A eux seuls
appartient le pouvoir de faire briller au soleil les formes de la pluie,
autrement dit d'exposer sous le point de vue de la joie les raisons aussi
religieusement admises, qu'elles furent par la tristesse précipitamment formulées. Curieuse occupation, énigmatiques caractères.
Ils grandissent en stature à mesure que la pluie tombe; mais avec plus de régularité, plus de discrétion; et, par une sorte de force acquise, même alors qu'elle ne tombe plus. Enfin,
l'on retrouve encore de l'eau dans certaines ampoules qu'ils forment et qu'ils
portent avec une rougissante affectation, que l'on appelle leurs fruits.
Telle est, semble-t-il, la fonction physique de cette espèce de tapisserie à trois dimensions à laquelle on a donné le nom de végétation pour d'autres
caractères qu'elle présente et en particulier pour la sorte
de vie qui l'anime... Mais j'ai voulu d'abord insister sur ce point : bien que
la faculté de réaliser leur propre synthèse et de se produire sans qu'on les en
prie (voire entre les pavés de la
Sorbonne), apparente les appareils végétatifs aux
animaux, c'est-à-dire à toutes sortes de vagabonds, néanmoins en beaucoup d'endroits à demeure ils forment un tissu, et ce
tissu appartient au monde comme l'une de ses assises.
« Le parti pris des
choses »