2018年7月15日日曜日

À l’Ange 天使に R. M. Rilke

À l’Ange                                         

Lampadaire tranquille et fort            
sur ce rebord qui précise la nuit,     
nous nous dissipons en doutes       
contre ton socle inéclairé.               

notre lot : ne savoir sortir                
du cercle en nous, qui égare.           
Tu te lève sur nos entraves             
et les enflammes comme une alpe.

Ta joie surplombe notre zone,
à peine en touchons-nous la lie.
comme la pure nuit de l’équinoxe,
tu départages jour et jour.

Qui pourrait rien te faire boire
du philtre secret qui nous trouble?
Tu tiens de tout ce qui est grand ta force
et nous n’avons d’usage que du moindre.

Pleurant, nous sommes tout juste émouvants,
levant les yeux, guère plus qu’éveillés.
Notre sourire n’entraîne pas loin 
et même s’il entraîne, qui le suit?

N’importe qui. Ange, est-ce là me plaindre?
Mais comment plainte serait-elle à moi?
Ah, je crie, je tape à deux bâtons 
et je ne pense pas être entendu.

Mon bruit sur toi ne sonne pas plus haut
si tu me sentais, puisque je suis.
Eclaire, éclaire ! Afin qu’on me voie mieux
parmi les autres. Car je me défais.

Poèmes Épars 1907-1926.      Choisis et traduits par Philippe Jacottet. 





天使に                 

燭台は静かにも雄々しく
そこからきっぱりと夜になり
疑わしきは我らの徒労
君の光なき足元にありて

宿命により我らは抜け出せず
内なる迷宮をさまよい巡る
君は我らの障壁の上に出で立ち
アルプスのように燃え上がらせる

君の歓喜が 我らの領域を凌駕し
我らは その澱に辛うじて触れるかどうか
エキノクスの澄み切った夜のように
君は 日と日を分かつ

誰が天使に飲ませることなどできよう
私たちを惑わせ濁らせる密やかな媚薬を

君はその力であらゆる大事をかかえ
我ら如きには小事が習い


泣いたとしても感動に過ぎず
目を上げたのも目覚めただけのこと
私たちの笑いは遠くまで届かず
たとえ誘おうとも誰がついていくだろう


誰でもいい。天使よ そこで私を哀れんでいるのか?
何の嘆きか 私を思ってのことか?
私は叫び 両手で拍子木を打ちつつ
聞こえている手応えはない

私の音など君の高みにまで響くものか
わかってほしい 私はここだと
輝け輝け 周りの誰より
私がもっと良く見えるように
なぜなら私は消えてしまう

                   仏和訳:宮澤みよ子 




















2018年6月4日月曜日

À HENRY PURCELL F.JACCOTTET

À HENRY PURCELL   Pensées sous les nuages       Philippe JACCOTTET : Gallimard 

Écoute : comment se peut-il 
que notre voix troublée se mêle ainsi 
aux étoiles?

Il lui a fait gravir le ciel
sur des degrés de verre
par la grâce juvénile de son art.

Il nous a fait entendre le passage des brebis 
qui se pressent dans la poussière de l’été céleste 
et dont nous n’avons jamais bu le lait.

Il les a rassemblées dans la bergerie nocturne 
où de la paille brille entre les pierres.
La barrière sonore est refermée :
fraîcheur de ces paisibles herbes à jamais.

Ne croyez pas qu’il touche un instrument 
de cyprès et d’ivoire comme il semble :
ce qu’il tient dans les mains 
est cette Lyre
à laquelle Véga sert de clef bleue.

À sa clarté,
nous ne faisons plus d’ombre.

Songe à ce que serait pour ton ouïe,
toi qui es à l’écoute de la nuit,
une très lente neige
de cristal.

On imagine une comète 
qui reviendrait après des siècles 
du royaume des morts 
et, cette nuit, traverserait le nôtre 
en y semant les mêmes graines...

Nul doute, cette fois les voyageurs 
ont passé la dernière porte :

ils voient le Cygne scintiller
au-dessous d’eux.

Pendant que je t’écoute,
le reflet d’une bougie 
tremble dans le miroir 
comme une flamme tressée 
à de l’eau.

Cette voix aussi, n’est-t-elle pas l’écho
d’une autre, plus réelle ?
Va-t-il l’entendre, celui qui se débat 
entre les mains toujours trop lentes
du bourreau?
L’entendrai-je, moi?

Si jamais ils parlent au-dessous de nous
entre les arbres constellés de leur avril.

Tu es assis
devant le métier haut dressé de cette harpe.

Même invisible, je t’ai reconnu,
tisserand des ruisseaux surnaturels.   (1981)




ヘンリー・パーセルに 「雲の下で思うこと」   

フィリップ・ジャコテ 1981 Gallimard  宮澤みよ子訳

聞いてごらん
私たちの不安げな声が
かくも星々に混じり得ようとは

彼は人の声を空へと昇らせる
ガラスの階段をよじるように
その技は若き天賦の才

通りゆく雄羊の群れの音がする
空の夏の埃の中でひしめく
その乳は人に飲まれた試しがない

彼は空の羊小屋に羊たちを集め
石の間に藁が光り
柵が音高く閉じられると
やわらかな牧草は 生き生きと果てしない

見たところ 糸杉や象牙の楽器を
弾いているようでも それは違う
彼が手にしているのは
かの琴座 
織女星が青いキーになる

その輝きに会っては
我らに影など幾ばくもない

思い浮かべてごらん 
夜に聴き入っている君が耳にするのは
こんなにもゆっくりと降る
クリスタルの雪


今宵 彗星が一つ
何世紀も経て 死者の国から
戻り来るとしたら
そして我ら生者の国を横切るとしたら
同じ種を蒔きながら、、、

折しも この時 旅人らが
最後の門を通過した

きらめく白鳥座が見えるだろう
ほら下の方に

君の声を聞く間
ロウソクの影が鏡の中に震える
炎はまるで
水で編まれたかのように

この声もまた エコーではないか?
より現実的な もう一つの声
いつもゆっくり過ぎる両手の間で苦しむ
執行人は それを聞くのだろうか
この私にも やがて聞こえてくるのだろうか?
彼らが私たちの頭上で話をするとしたら
天上の四月に散りばめられた 木々の間で

君は座っている
そそり立つハープという織機の前に

見なくとも君だとわかる
この世ならぬ小川の織り師よ