À HENRY PURCELL Pensées sous les nuages Philippe JACCOTTET : Gallimard
Écoute : comment se peut-il
que notre voix troublée se mêle ainsi
aux étoiles?
Il lui a fait gravir le ciel
sur des degrés de verre
par la grâce juvénile de son art.
Il nous a fait entendre le passage des brebis
qui se pressent dans la poussière de l’été céleste
et dont nous n’avons jamais bu le lait.
Il les a rassemblées dans la bergerie nocturne
où de la paille brille entre les pierres.
La barrière sonore est refermée :
fraîcheur de ces paisibles herbes à jamais.
Ne croyez pas qu’il touche un instrument
de cyprès et d’ivoire comme il semble :
ce qu’il tient dans les mains
est cette Lyre
à laquelle Véga sert de clef bleue.
À sa clarté,
nous ne faisons plus d’ombre.
Songe à ce que serait pour ton ouïe,
toi qui es à l’écoute de la nuit,
une très lente neige
de cristal.
On imagine une comète
qui reviendrait après des siècles
du royaume des morts
et, cette nuit, traverserait le nôtre
en y semant les mêmes graines...
Nul doute, cette fois les voyageurs
ont passé la dernière porte :
ils voient le Cygne scintiller
au-dessous d’eux.
Pendant que je t’écoute,
le reflet d’une bougie
tremble dans le miroir
comme une flamme tressée
à de l’eau.
Cette voix aussi, n’est-t-elle pas l’écho
d’une autre, plus réelle ?
Va-t-il l’entendre, celui qui se débat
entre les mains toujours trop lentes
du bourreau?
L’entendrai-je, moi?
Si jamais ils parlent au-dessous de nous
entre les arbres constellés de leur avril.
Tu es assis
devant le métier haut dressé de cette harpe.
Même invisible, je t’ai reconnu,
tisserand des ruisseaux surnaturels. (1981)
ヘンリー・パーセルに 「雲の下で思うこと」
フィリップ・ジャコテ 1981 Gallimard 宮澤みよ子訳
聞いてごらん
私たちの不安げな声が
かくも星々に混じり得ようとは
彼は人の声を空へと昇らせる
ガラスの階段をよじるように
その技は若き天賦の才
通りゆく雄羊の群れの音がする
空の夏の埃の中でひしめく
その乳は人に飲まれた試しがない
彼は空の羊小屋に羊たちを集め
石の間に藁が光り
柵が音高く閉じられると
やわらかな牧草は 生き生きと果てしない
見たところ 糸杉や象牙の楽器を
弾いているようでも それは違う
彼が手にしているのは
かの琴座
織女星が青いキーになる
その輝きに会っては
我らに影など幾ばくもない
思い浮かべてごらん
夜に聴き入っている君が耳にするのは
こんなにもゆっくりと降る
クリスタルの雪
今宵 彗星が一つ
何世紀も経て 死者の国から
戻り来るとしたら
そして我ら生者の国を横切るとしたら
同じ種を蒔きながら、、、
折しも この時 旅人らが
最後の門を通過した
きらめく白鳥座が見えるだろう
ほら下の方に
君の声を聞く間
ロウソクの影が鏡の中に震える
炎はまるで
水で編まれたかのように
この声もまた エコーではないか?
より現実的な もう一つの声
いつもゆっくり過ぎる両手の間で苦しむ
執行人は それを聞くのだろうか
この私にも やがて聞こえてくるのだろうか?
彼らが私たちの頭上で話をするとしたら
天上の四月に散りばめられた 木々の間で
君は座っている
そそり立つハープという織機の前に
見なくとも君だとわかる
この世ならぬ小川の織り師よ