Airs (1961-1964)
「冬の終わり」
少ししかない まして
空間を失う恐れを追いはらう力など
彷徨う魂には 残されていない
だが この魂は 一等軽く
それがいつまでなのか 知れないからこそ
一等 澄みわたる声で 歌うのだ
大地からの距離を
移りゆく あなたの顔に
雨となって 涙の種を撒きたい
河は荒れ きらめく季節
大地を穿つのは 胸の痛み
人生は見つめている
山へ山へと 遠のく雪を
冬もなお生き延びる草の中に
それよりなお軽い影たちがいる
内気で辛抱強い木々
ひかえめな それでいて真っ直ぐな
今はまだ微かでしかない 終わり
今日もまた巡る日の中
わたしの身体の回りを飛んでいく
今日もまた明るい野原には
青灰色の墓石があって
ほんとのことも そらごとも
煙に巻かれ 消えてゆく
愛されすぎた 美にも似て
世界は守られてはいない
この世は 君の中を過ぎ越す 祭だ
電光石火の ちり ほこり
ほんとのことも そうでないことも
薫り高い灰のように ひと時 光り輝く
FIN D’HIVER Philippe Jaccottet
Peu de chose, rien qui chasse
l'effroi de perdre l'espace
est laissé à l'âme errante
Mais peut-être, plus légère,
incertaine qu'elle dure,
est-elle celle qui chante
avec la voix la plus pure
les distances de la terre
Une semaison de larmes
sur le visage changé,
la scintillante saison
des rivières dérangées :
chagrin qui creuse la terre
L'âge regarde la neige
s'éloigner sur les montagnes
Dans l'herbe à l'hiver survivant
ces ombres moins pesantes qu'elle,
des timides bois patients
sont la discrète, la fidèle,
l'encore imperceptible mort
Toujours dans le jour tournant
ce vol autour de nos corps
Toujours dans le champ du jour
ces tombes d'ardoise bleue
Vérité, non-vérité
se résorbent en fumée
Monde pas mieux abrité
que la beauté trop aimée,
passer en toi, c'est fêter
de la poussière allumée
Vérité, non-vérité
brillent, cendre parfumée