2014年8月26日火曜日

Christine Moiroux: Il suffisait de presque rien

小さなきっかけ                   

 「口では何とでも言える」という考えだけは母に同感で、父はいつでも私を無視するか殴りつけて指図した。二人は私を息子だと紹介したが、こちらとしても彼らの言葉を、真に受けるつもりはない。確信を揺るがす疑念はひとつだけ、皆が同じ青い眼をしていることだ。それを絆というのか偶然か、私たちを近づけ、一つにするものだったのかもしれない、たぶん。

 ある日、その名も自由の種撒き人、リバティー・シーダーが農場の入り口に現れ、父母に働き口はないかと尋ねた。「農場では何時も人出がいるでしょう、お代はスープ一杯、藁布団、あとは旅を続けるための小銭でけっこう。」などと両親を口説き、しばらく雇われることになった。今日の仕事はもうすんでいたので馬小屋わきの納屋に陣取り、まずはスープを待つ間に、かなり堅そうな木切れを彫り始めた。何をするつもりだろう、私は農場の二枚の門扉の隙間からこっそり見ていた。この男、何か気にかかる、これまでに覚えのないような強い自信に満ちている。しばらくして、食事中は皆ぐったり疲れていたので口数も少なかった。それでもヒゲの大男は身振りも大きく、眼にはあふれんばかりの微笑みをたたえていたので、私はその光を追って食卓の上で眼を合わせよう合わせようとした。私にとって冷え切った台所にいるこの男は、まるで冷たい暖炉に燃える火種のようであった。 夜になっても、禁じられてはいたが彼の後についていく。どっしりした背中が頑丈な足の上に真っ直ぐのび、それが黄昏の薄明かりの中でゆさゆさと揺れる。 彼はまた納屋に戻る、そこは私のお決まりの隠れ家だったが、それを彼に譲るのがうれしい。小刀を取り出し、男はまた木片を彫りはじめた。何にするのか尋ねると、「俺のような季節の流れ者は後に続いてやってくる仲間に知らせるため、雇われた農場の門扉に、そこの待遇がどうであったかを示す秘密のサインを残していくものだ。サインの期限は一時だ。人は変わるものだからね。」 同じように、彼はイコールの印(2本の平行線)を見せてくれた。「これはもてなしの良かった家の印だよ。×印なら立ち寄らないで行った方が良い。」そして彼は、より細かい評価の印を地面に描いた。
    翌日もその翌日も畑で家族を助け、がむしゃらに働き、あきれるほどの干し草の束をその広い背中に担いだ。彼の動く足取りは、ゆっさゆっさと波に揺られるようだ、それほど肩が人より高くにあった。私の頭上に怒った父の雷が落ちるのを聞くと茶色の太い眉をギュッと寄せて、父に厳しい眼差しを投げつけた。好意的な彼の存在は、かえって私の日頃の不満を際立たせてしまった。おどおどしたずるがしこい目つきで、日長一日、私をあからさまに邪険にしている父とは全く対照的に、彼の人となり全体が揺るぎない生成り思いやりを放っていた。横暴な母にしても父よりましだとは言えない。毎晩、彼の所に行った。
彼がいると私を捕らえていた沈黙が破られる。彼は、寒さ、風、飢え、あるいは誠意についても話し、私は、自由な生き方とはこういうものかと思い描いた。彼の話を聞いていると、新鮮な空気をコップでごくごく飲んでいるような心持ちがした。世界について問いかければ、つぶやくように答えてくれる。私は思いつくまま質問する。自分のおかしな家族についての疑いも話してみた。この家は、私には決して見抜けない秘密を胸に隠しているに違いないから。
  数日後、彼は干し草の取り入れが終わったので明日出発しますと家族に告げた。納屋に引き上げる前に渡したいと言って、母がテーブルの上に置いたコインを指で押し進めると、すかさず父が、目の前にいる友人を無視した不作法な物腰でそれを取り上げた。彼は別れを言ってさっさと納屋に引っこんだ。私がのぞきに行ってみると、もうとっくに藁団で寝入っている。なんてことだ、まだ聞きたいことがたくさんあったのに!明け方、出発の気配を伺っていたが分からなかった。恐らくもう遠くまで行ってしまったのだろう。
  優しかった彼がもういない、その日は一日中どんな無茶も言われるがまま、ただ黙々と仕事をした。翌晩はなかなか寝つけないでいるうちに、はっとサインのことを思い出した。すぐに起き上がると庭は満月の光でいっぱいだ、私は飛び出して、彼が残していったはずのサインを探し回った。捜索は危機的だった。土手の影、石の下、草の中、門扉の右手、ない。あっちはどうだ、郵便受けの上、茨の茂み、ああついに彼の木片を見つけた、ついている字の彫りは「とどまるな、この家は良くない」。このメッセージで、私の中に反乱のスイッチが入った。これまで保留にしてあった感情を有効とされたかのように。その一瞬のひらめきが私の斬新でしかも揺るぎない意志を、実の親ではないと確信している不足の父母と決別しようという考えを、強めた。誰も私がどこから来たか明かさない、堅い秘密だ、かまうものか、もうわかった、月の下で悟ったのだ、ここは私の家じゃない。すぐに身の回りの荷物をまとめ、リバティー・シーダーの足跡を追ったが、もう二度と彼に会うことはなかった。

  彼は黙ってそこにいるだけで私を引きつけて止まない、ただそれを感じただけで、幸いにも私の人生は動き出した。何でもないことが、しばしば人生の流れを変え、自身の運命を遂行するための兆しを信じさせるに十分たり得る。何かが私に道を示しているのだと。

2014821日訳  宮澤みよ子 





Il suffisait de presque rien
                                                                          Christine Moiroux                                  

« Je n’en crois pas un mot », voilà toute la confiance qu’elle m’accordait et lui, il m’ignorait ou me donnait des ordres en me battant. Ils me présentaient comme leur fils. A mon tour de ne pas en croire un mot. Un seul doute ternissait ma certitude : nos yeux étaient du même bleu. Un lien ou une coïncidence qui aurait pu nous rapprocher, nous unir, peut-être. L’enfant en mal de tendresse que j’étais en rêvait, l’adolescent le redoutait.
Un jour, Liberty Seeder, le semeur de liberté, c’est ainsi qu’il s’appelait, s’est présenté à la porte de la ferme et demanda du travail à mes parents : « Dans une ferme il y a toujours quelque chose à faire, un bol de soupe, une paillasse et une pièce pour continuer la route. » Il les convainquit ainsi de l’employer pour un temps. Comme la journée finissait, il s’installa dans la grange près des écuries, en attendant le souper il se mit à sculpter une bûchette dans un bois un peu dur. J’étais curieux et l’observais en cachette par un interstice entre deux planches du portail. Cet homme m’intriguait car il donnait l’impression d’une force confiante telle que je ne l’avais jamais ressentie. Un peu plus tard, lors du repas, peu de mots s’échangèrent car une morne fatigue enveloppait les corps. Toutefois, le grand barbu aux gestes mesurés avait un immense sourire dans les yeux, une lumière que je cherchais par-dessus la table en essayant de croiser son regard. Pour moi, l’homme était dans cette cuisine comme une flamme de vie dans un âtre froid. Le soir même, bravant l’interdiction, je le suivis. Son dos droit massif tanguait sur ses jambes solides dans la pénombre du crépuscule, il rejoignit la grange, mon refuge habituel que je lui prêtais volontiers. Il sortit son couteau et se remit à sculpter la bûchette. Je lui demandai à quoi elle servirait, il me répondit que les saisonniers comme lui laissaient toujours un signe caché au portail de chaque ferme pour avertir les camarades suivants de l’accueil qu’ils y trouveraient. Des signes temporaires, car les gens étaient changeants. Il m’indiqua ainsi que deux lignes parallèles signifiaient une maison accueillante, une croix signifiait qu’il valait mieux passer son chemin, puis il dessina sur la terre d’autres signes appréciatifs plus nuancés.
Le lendemain et les jours suivants, il nous aida aux champs, il travaillait dur et chargeait d’énormes bottes de foin sur son dos large. Il se déplaçait d’un pas comme chaviré par la houle car il avait une épaule plus haute que l’autre. Dès qu’il entendait la tempête gronder sur ma tête, pour montrer son mécontentement, il lançait à mon père un regard dur tout en fronçant ses épais sourcils bruns. Sa présence bienveillante ne faisait qu’accentuer mon malaise. De sa personne entière respirait une franche humanité contrastant totalement avec le regard fuyant et malin de mon père qui libérait, à longueur de journée, sa hargne contre moi. Ma mère tyrannique ne valait pas mieux. Je rejoignais cet homme tous les soirs, en sa présence j’avais l’impression de rompre un silence qui m’engluait. Il me parlait de froid, de vent, de faim et de loyauté qui évoquaient une vie de liberté. J’avais l’impression de boire ses paroles comme un bol d’air frais. Il répondait bougon à mes questions sur le monde. Je lui disais spontanément mes interrogations, lui racontais mes doutes au sujet de cette drôle de famille qui, j’en étais sûr, portait en son sein un secret que jamais je ne pourrais percer. Après quelques jours, il annonça qu’il partirait le lendemain puisque les foins étaient terminés. Avant qu’il ne se retire, ma mère voulut lui donner une pièce qu’elle avança d’un doigt sur la table, mon père la confisqua aussitôt avec un geste grossier que mon ami ignora. Il salua et s’en alla aussitôt vers la grange. Quand je le rejoignis, je le trouvai déjà endormi sur sa paillasse. J’étais au désespoir, j’avais encore tant de questions ! Au petit matin, je guettai son départ mais il était sûrement déjà loin car je ne le trouvai pas.
Pendant toute la journée sa présence bienveillante me manquât, je travaillai sans mots dire, acceptant toutes les humiliations. La nuit suivante je ne pouvais dormir et tout à coup, je repensai au signe. Je me levai aussitôt, les rayons de la lune pleine inondaient la cour, je sortis et me mis à fureter cherchant celui qu’il aurait laissé. La prospection était malaisée dans l’ombre du talus, sous la pierre, dans les herbes, à droite du portail, rien ; de l’autre côté, sur la boîte aux lettres, dans les ronces, j’y trouvai enfin la bûchette évasée sur le haut et qui portait une croix gravée : « Ne vous arrêtez pas, la maison est mauvaise ». Ce message déclencha en moi une révolte comme s’il validait un sentiment resté jusque là en suspens. En un éclair, il me conforta dans ma volonté, toute neuve mais inébranlable de quitter cette mère et ce père indignes qui, j’en étais sûr, ne pouvaient être les miens. Personne ne m’avait révélé d’où je venais, un secret bien gardé, peu importe, j’ai simplement réalisé sous la lune que celle-ci n’était pas ma maison. Je fis immédiatement mon balluchon et pris la route sur les pas de Liberty Seeder que je ne revis cependant jamais. Il avait par sa seule présence aimante et silencieuse heureusement inspiré ma vie. Il suffit souvent de presque rien, de faire confiance aux signes pour infléchir un chemin et accomplir sa propre destinée.

2014年8月20日水曜日

Haiku: Santoka Taneda 







この道を いくたり行きし われは今日行く
(このみちを いくたり いきし われは きょういく)

Combien de gens sont-ils passés cette rue ?

Moi, aujourd’hui.









山頭火 (種田正一) 



Santoka Taneda (vrais nom : Shoichi Taneda)

1882.12.3-1940.10.11

2014年8月16日土曜日

Haïku traduit en français : Tatsuko Hoshino

13.  今たしか少し時雨れてをりたるに
       (いま たしか すこし しぐれておりたるに)

       Un instant
       Il pleuvaient faiblement
       J'en suis sûr




14.  泪ぐみ 月に面を上げており
        (なみだぐみ つきに おもてを あげており)

       Larmes aux jeux
         Je lève la tête
        Vers la lune


15.  重き雨堂々降れり夏柳
       (おもき あめ どうどう ふれり なつやなぎ)
   
       Il pleut à torrents
       Lourd à se tenir
       Seule pleureur d'été




2014年8月10日日曜日

Les roses de Saadi

サーディの薔薇


朝の薔薇 
君にとどけん  我が思い
手折りし花は 数知れず
 帯に挿し入れ そのあまり
 結び目ほどけ 飛び散れば
吹く風にのり  海原へ
水の流れの  なすがまま
 波は真紅に   燃ゆるほど
今宵なお
我が衣手は 香り立つ
  芳しきかな 我に来よ君!


     マルセリーヌ・デボルド・バルモール詩









Les roses de Saadi

Marceline Desbordes Valmore

J'ai voulu ce matin te rapporter des roses ;
Mais j'en avais tant pris dans mes ceintures closes
Que les noeuds trop serrés n'ont pu les contenir.

Les noeuds ont éclaté. Les roses envolees
Dans le vent, à la mer s'en sont toutes allées.
Elles ont suivi l'eau pour ne plus revenir ;

La vague en a paru rouge et comme enflammée.
Ce soir, ma robe encore en est tout embaumée...
Respires-en sur moi l'odorant souvenir.