2015年2月22日日曜日

Christine Moiroux : Métro OH!

「メトロOH!」

今朝、カミュがパソコンに「ワールド・アドベンチャー」をダウンロードしたのは繰り返しばっかりの日常にうんざりしていたから。旅行するお金はない、まして知らない世界に飛び込む勇気もない私が、部屋でぬくぬくとしながらバーチャル世界旅行をするなんて、願ったり叶ったりでしょ。すっかり冒険心に目覚め、カミュは無性に自分と日常との間に距離を置きたくなった。で、どうしたら?とりあえずコートを羽織ると、心の声がまだ生き延びるために欲している、小さなアバンチュールの芽を探しに外へ出た。地下鉄に乗ると、何かいい感じ、全て上手く行くような、ひらめきが来る。何気なく座った所で乗客たちの動きが彼女を想像の揺りかごに乗せる。不意に目の前にアラビアン・ナイトのお姫様が現れて空飛ぶ絨毯に舞い上がり、奇術師がここに、と思えば向こうにはローマの兵士がランプを掲げて仁王立ち、小さな中国人がバイキングの大男に付き従う、右手に、はるかサンジャックを目指して巡礼者たちが歩みを続けるそのまた一方では、浮浪人がピノキオの鼻をせせら笑っている。
そうか、旅とはこんなに面白いのか!よーし別の国も歩いてみよう、と彼女は本を小脇に抱えたパリジェンヌの後から電車を降りる、そしてつい表紙の色合いに心引かれ、奪い取って思いのまま読んでいたい!だがこれら言葉を介したエスケープ、それはそれで素敵なのに何か的外れな気がする。そうこう考えている内に、パリの懐なる小道へと吸い込まれていく雑踏のひしめきに、その女性を見失ってしまった。
 世界の果ても、カミュの想像舟ならほんの一漕ぎでたどり着くはず。なのに、この道どこまで続くの?!カミュは当て所なく歩く。ふしぎなメロディーに連れられるまま、気がつけばウィーンのベルベデーレ宮殿で、天使のような少女の奏でるバイオリンに踊っている。嬉しさに有頂天になり、アバンチュールの矛先をさらに戦士祈念のデファンスへと進める、午後のカミュは、もう勇気凛々で恐れを知らない。電車は止まりアルゼンチン、天地を舞飛ぶコンドルが呼んでいるならそれを拒むことはない。ホームに飛び降りる。目前に大草原パンパが開け、地平線は果てしなく、褐色、緑、青、黄土色の風景を描き、身を翻す度目くるめくように思いも掛けない物に行き会わせる。
ついにお気に入りの夢コーナーを見つけ、今宵、カミュは上機嫌。そこならいつでも、また行きたいと思いさえすれば行けるし。


Ce matin, Camille a téléchargé l'application «World Adventure » car elle est fatiguée d’un quotidien routinier. Comme elle n’a pas de budget pour voyager et pas encore tout à fait le courage d’affronter l’inconnu, elle se contente de périples virtuels autour du monde sans quitter sa chambre protectrice. Toutefois, son esprit d’aventure éveillé, Camille ressent le besoin encore plus impérieux de mettre quelques longueurs entre elle et l’habitude. Que faire ? Elle prend alors son manteau et s’en va chercher dehors ce petit brin d’aventure dont son âme a besoin pour survivre. Bonne Nouvelle, elle prend le métro à la station, ce qui lui visse au cœur un optimisme inébranlable. Elle s’assoit au hasard, le mouvement des voyageurs berce son imagination. Elle voit tout à coup apparaître en face d’elle une princesse des mille et une nuits qu’elle imagine s’envoler sur un tapis volant, un fakir par ici, un soldat romain droit et dur se tient à la rampe par là, un tout petit chinois côtoie un colosse Viking là-bas, des pèlerins continuent leur marche vers Saint-Jacques à sa droite, de l’autre côté des mendiants rient au nez de Pinocchio. Enfin, elle n’est pas déçue du voyage ! Elle décide alors d’aller faire une promenade dans d’autres contrées et descend de la rame en suivant une parisienne qui porte un livre sous le bras, la couverture colorée lui donne l’envie folle de s’emparer de l’objet pour le dévorer. Elle n’en fera rien bien entendu, même si cette escapade à travers les mots l’aurait enchantée. De toute façon elle a perdu la dame de vue dans la foule compacte qui chemine dans les boyaux du ventre de Paris.
Le bout du monde est à quelques encablures d’un vaisseau né de son imagination. La course est longue ! Camille marche au hasard. Portée par l’appel d’une mélodie, elle se retrouve au Palais du Belvédère à Vienne à danser une valse jouée au violon par une jeune fille angélique. Étourdie par tant de félicités, Camille reprend ses aventures direction la Défense, but guerrier qui ne l’effraye pas tant elle a fait le plein cet après-midi de courage. La rame s’arrête à Argentine, un condor entre ciel et terre l’appelle. Elle n’y résiste pas et saute sur le quai. La pampa ouvre devant elle des horizons sans fin, le brun, le vert, le bleu et l’ôcre dessinent des paysages où à chaque tournant elle côtoie l’inattendu. Camille est heureuse ce soir, d’avoir trouvé enfin son petit coin de rêve, qu’elle visitera aussi souvent 
qu’elle le voudra. 
                                          Christine Moiroux :  Métro OH!