2014年12月2日火曜日

Haïku : Santôka Taneda 9-11




9. 水音といっしょに里へ下りてきた
(みずおとと いっしょにさとへ おりてきた)

En compagnie de la voix de leau
Je suis descendu jusquau village

※ 京都 八瀬   Kyoto








10.今日の道のたんぽぽ咲いた
(きょうのみちの たんぽぽ さいた)

Dents-de-lion s’épanouissent
Sur le chemin 
daujourdhui

※ 大山 le mont Daïsen






11.落ち葉降る奧ふかく御仏を観る
      (おちばふる おくふかく みほとけをみる)
   
 Au fond dune pluie
de feuilles mortes
Rencontrer un Bouddha







2014年11月23日日曜日

Haïku : Santôka Taneda 6-8


6.寒い雲が急ぐ(さむいくもがいそぐ)

Des nuages passent vite
Ils ont froid






7.秋となった雑草にすわる
(あきとなった ざっそうに すわる)

Je massoie sur les herbes
qui sont déjà de lautomne




8.うしろすがたのしぐれてゆくか

Serait-ce comme une brève averse dautomne ?
ma silhouette de dos

2014年11月18日火曜日

VégétationFrancis Ponge

植生               フランシス・ポンジュ

   雨だけが空と地面を繋ぐ線(ハイフン)を引くのではなく、他にも、より途切れなく織りなされた連結線があり、たとえ風がどんなに揺すろうともその織物は奪い去られない。季節により時には上手くいって、わずかばかりの物をそこから引き離し、この時とばかりに風の渦の中でばらばらにしようと力んではみるものの、ついには何も消し去ってはいないと知れる。
   より近づいて見れば、そこはなんと巨大な実験室の夥しい入口の一つで、マルチフォルムの水理装置が林立し、どれもこれも単純な雨の柱よりはるかに複雑な独自の完成度で、レトルト(蒸留炉)、フィルター、サイフォン、蒸留器の仕組みを併せ持つ。
     雨は地面に届く前に先ずこの装置に出会う。群がるように大小様々な奥行きを備えた小鉢状の装置に雨を受け止め、そこから次々に下へと注ぎ込んでついに最低層の鉢に至り、それでやっと大地が直に潤う。
  かくして、彼らなりの方法でにわか雨の勢いを和らげ、大気現象の消えた後(雨上がり)の地面にけっこうなお湿りと、お恵みをしばし留める。雨の降る様を陽に輝かせるとは、植物ならではの能力だ、言い換えれば、悲しみから投げ槍に言い下された道理を、同様に敬虔な綿密さを以て受け入れられる道理として、喜ばしいという見方から提示できる力である。奇妙な仕事、謎めいた特質だと思う。
   雨が降るにつれ背が伸びる、しかも雨より規則正しく慎み深く。さらにその成果と言うべきか雨が降らなくなっても成長する。そのあげく、彼らが顔を赤らめるほどの愛しさでつけたランプ、つまり人が果実と呼ぶ物の中にも、なお水があるではないか。
 以上のようなことが、三次元織物種の物理的機能で、これはその他の特性として、とりわけ、これに生命を吹き込むある種の生気のため一般に「植生」と名付けられている、、、しかし私が何よりも主張したいのは、彼ら特有の合成を遂行したり、誰に頼まれなくとも(ソルボンヌの敷石の間にさえ)生えてくるのが、この植物装置を、動物つまりあらゆる放浪者に類似させているという一点だ。とは言え、彼らは住み着こうとするあらゆる場所に織物を織り、それがこの世界を支える土台の一つとなっている。





Végétation

La pluie ne forme pas les seuls traits d'union entre le sol et les cieux : il en existe d'une autre sorte, moins intermittents et beaucoup mieux tramés, dont le vent si fort qu'il l'agite n'emporte pas le tissu. S'il réussit parfois dans une certaine saison à en détacher peu de choses, qu'il s'efforce alors de réduire dans son tourbillon, l'on s'aperçoit à la fin du compte qu'il n'a rien dissipé du tout.

A y regarder de plus près, l'on se trouve alors à l'une des mille portes d'un immense laboratoire, hérissé d'appareils hydrauliques multiformes, tous beaucoup plus compliqués que les simples colonnes de la pluie et doués d'une originale perfection : tous à la fois cornues, filtres, siphons, alambics
Ce sont ces appareils que la pluie rencontre justement d'abord, avant d'atteindre le sol. Ils la reçoivent dans une quantité de petits bols, disposés en foule à tous les niveaux d'une plus ou moins grande profondeur, et qui se déversent les uns dans les autres jusqu'à ceux du degré le plus bas, par qui la terre enfin est directement ramoitie.

Ainsi ralentissent-ils l'ondée à leur façon, et en gardent-ils longtemps l'humeur et le bénéfice au sol après la disparition du météore. A eux seuls appartient le pouvoir de faire briller au soleil les formes de la pluie, autrement dit d'exposer sous le point de vue de la joie les raisons aussi religieusement admises, qu'elles furent par la tristesse précipitamment formulées. Curieuse occupation, énigmatiques caractères.
Ils grandissent en stature à mesure que la pluie tombe; mais avec plus de régularité, plus de discrétion; et, par une sorte de force acquise, même alors qu'elle ne tombe plus. Enfin, l'on retrouve encore de l'eau dans certaines ampoules qu'ils forment et qu'ils portent avec une rougissante affectation, que l'on appelle leurs fruits.

Telle est, semble-t-il, la fonction physique de cette espèce de tapisserie à trois dimensions à laquelle on a donné le nom de végétation pour d'autres caractères qu'elle présente et en particulier pour la sorte de vie qui l'anime... Mais j'ai voulu d'abord insister sur ce point : bien que la faculté de réaliser leur propre synthèse et de se produire sans qu'on les en prie (voire entre les pavés de la Sorbonne), apparente les appareils végétatifs aux animaux, c'est-à-dire à toutes sortes de vagabonds, néanmoins en beaucoup d'endroits à demeure ils forment un tissu, et ce tissu appartient au monde comme l'une de ses assises.

« Le parti pris des choses »


2014年11月1日土曜日

Haïku : Santôka Taneda

種田山頭火 句集 「草木塔」







 2.木の葉散る   歩きつめる
     (このは ちる あるきつめる)

      Les feuilles s'éparpillent
          Je chemine  sous les arbres


                                                      ※ Corrigé par P.R.

                                                             Oui, "cheminer" est la vie même de Santôka 





3. 歩き続ける 彼岸花咲き続ける
     (あるきつづける ひがんばな さきつづける)

         Continuer à marcher
            Fleurs d'équinoxe
           sont toujours en fleur



4. また見ることもない山が遠ざかる
     (また みることも ない やまが とおざかる)

            La montagne s'éloigne
      Jamais
             je ne la reverrai







5. すすきの光 さえぎるものなし
   (すすきの ひかり さえぎるもの なし)
      

       Lumière inonde 
        les herbes des pampas
       Qu'est-ce qui l'empêche ?
    
  

2014年10月22日水曜日

Voici l’histoire de l’Un, de l’Autre, du Dernier et de la Belle Dame              Christine Moiroux

プラットホームの女
               クリスティーヌ・モワルー   宮澤みよ子訳
            
これは、ある男ランと、別の男ロートル、今度の男デルニエ、そして美しい女ラダムの物語。
彼女、ラダムは檜舞台に進み出る、劇場は何でもない駅の1番ホーム、時は14時。一抱えもある鮮やかな紫陽花の陰で、可愛いらしい鼻をくすぐられながら世界をのみ込むほどの笑いを隠している。このハートのクイーンは胸中にさえずる夢心地の鳥といっしょに行きつ戻りつ落ち着かない。正しくは恋するハート、のクイーンは少し前にほのめかされた約束に気もそぞろ。本気なのだ。というのもある男ランが彼女に囁いたからで 「14時4分に愛する君を駅の1番ホームで待っているよ」 とそれっきり電話は切れ、甘い気分を味わう余裕もなかったが。いいえ、今思えば、あの人きっとこう言ったのよ 「14時4分に君を待っているよ、待ち遠しいなあ、恋人と駅の1番ホームで、、、」後は、無言。ぷっつり切れた。しかし約束は約束である。

ものの数秒で運が向いてきたのがわかり、胸は高鳴る。「ねえ、あなたは14時4分と、はっきり言ったわ。今、時計の針は1、、、これが4を指してあなたが来たら、もう直ぐさま私たち、ついに幸福のメリーゴーランドに飛び乗るんだわ、決して止まることのない、そうよきっと、、、。」
1番ホームを右往左往して行き交う、熱狂的な乗客に煽られ、うかつにも彼女は、もうその気になっていた。手にした儚げな花束を素っ気ない風が乱し、期待の息吹を吹き込まれ、空の片隅に安らぎを求めるかのように、ハートのクイーンは恋の道を彷徨う。「ああ、私のいい人、早く来て苦しみを癒してちょうだい、私は熱が欲しいの、一羽の燕が、春を春にするような!」けれども風にはそれを聞く耳もなく、彼女を約束とはほど遠い所へ連れ去ろうと、吹いている。

14時2分、ラダムは1番ホームで、そっと一歩、滑り足のシャッセ、続く二歩、そして三歩目でタイルの上に戻る、灰色の、駅頭の、さえない、しかし痛切な、赤紫陽花のワルツを、くりかえした。彼女は一度も会ったことのないランを、すでに愛していた、生まれてくる子を思うように。
14時3分。時計の針は、待つ身に遅過ぎ、うずうずする彼女に羽根を生やし、態度を変えさせ、気持ちを激しく奮い立たせた。14時4分、彼女は足を踏みならす。片足軸で半回転。つま先立ちのピルエット。すると、誰かの声
「鳥が頭から離れないようだね。」
こめかみがぴくぴくしている。
「鳥たちのいいようにさせておいてちょうだい。私は、胸を刺すような一突きの幸せがほしいの。」すぐにきっぱりと逆らいながら踵を返した。

14時5分に彼女の送った「どうしていないの。何も言ってこないけど。何か言うことはないの?」と言うメッセージに、用心深いランは即座に答える「気の短い女は嫌だ。君はおろかで、その押しつけがましい口の利き方にはうんざりしている。あいにく忙しいので。ごきげんよう。」

突然の衝撃、思いがけなく、彼女の胸中の鳥は追い払われ、消えた約束といっしょに、いきなり黒点に取り憑かれて太陽も消えた。ひっきり無しに渦巻く乗客の只中に閉じ込められ、彼女の顔は、ピンクの色あせ萎れかけた花束の上に小さくちぢこまり強ばっている。人々の足取りは、時につまづいたり、引き摺ったりしながら、1番ホームを行き来する。1番ホーム?それが何?今や道は断たれ、ピリオドで終わり。惜しむべくは裏切りのなぞ、それが心に袋小路を掘った。こうなったら私はもうスペードのクイーン、光に向かう王道が開くはずだったのに。
だが、いつものように大衆はルーチン、騒がしく、心があるのか無いのか、また新しくその場をモノトーンで飾るばかりだ。

すこし経って、絶望の淵からまつげを向けると、別の男ロートルがやって来るではないか。
「空気がじめじめして、汗が流れるわ。額に、首に、目、、、これは。」
「涙ですよ。ほろほろこぼれる涙、ほら涙だ。」 美しすぎるラダムの抱えた、憐れっぽく萎びた花束に気を取られて足を止めたロートルが続けた。
「どうしてなの? ランは永遠を約束した人なのに、何故こんな風に愛から偽り、偽りから愛へと、ジグザグに行くの?」彼女も単刀直入に尋ねた。
「ジグザグなのは、きっと彼にはわかっているからさ、摩天楼や桃源郷に行ってしまうよりは、ましだと考えてのことだ。愛が人を縛りつける絶頂と奈落を知っているから。それで、ジグザグ。逃げてるだけなんだよ。」
彼女は苦しみをいっそう募らせた。ロートルは、悲嘆に暮れる彼女を前にたじろいで立ち去る、その素早さはまるで容赦ない風にさらわれたようだった。

また別の、今度の男は、さめざめと泉のように泣いているラダムに心を留め、思い切って慰めにかかった。
「ハーモニーを作り出すのは、なかなか骨が折れるというのに、こういった場合口づけ一つで、シンフォニーが生まれてしまいますね。」
「あなたは、音楽家?」(探るように鼻を利かせて)
「ええ、まあ、、、」
「きっとよいアイデアが浮かびますわ。(警戒して)狩りはお好きですか?」
「人間の狩りですか?」
「いいえ、恋の。」
「そうでもありません。待ち合わせですか?」
「来るはずの、今日はね、14時4分に来てくれるはずです。」
「遅れているなら僕が代わりに、いかがでしょう?」
「わたくし、偽りなしの歩き手が好きですの(まだ鼻を利かせている)、女性を追いかけて走り回る方はいや。」
(彼は身を反らし、もったいぶった調子で) 「得も言われぬ恋心が掻き立てられ熱情となる。どうした事か、ぬぐい去れない情熱の。熱、正に愛の炎が、めらめらと燃え尽き、熾ともなり、それら、火の粉はやがて穏やかにたゆたう、、、なんと、にわか雨!さあ、こちらへ逃げて。」
雷鳴がとどろき、涙の雨、気がつけば、腕の中。

「ほほを拭い、あなたを傷つけた花々を放ちなさい。あなたの涙など、今日はまた今日の苦しみを抱えながら過ぎ行く者たちの、騒がしい流れに加えられるだけ、、、。」
ロートルは嵐の声を怖れず、彼もまた彼女をうっとりさせたかった。失意の美しい女性の潤んだ瞳の奧に、未来への望みを投影していたに違いない。彼は飛ぶように彼女を抱きすくめた、まるで鳥の舞、ずっと不思議な詩の言葉を囁きかけながら、

とこしえに やわらかな谷のくぼみ
星の守りの下に横たわり
風は聖なる詩を囁き歌い
疲れた感受の身をいやす
心奪われし我らに 聖なる詩を とこしえに

心軽く、懲りる事を知らないラダムは有頂天の笑みを浮かべている。肩越しに幻滅の花束を放り投げ、もうお終いにしよう、新しい約束に従えば彼女を絶妙なる恋の道へ導いてくれる、それこそ望むところだ。


まあ、風の言葉が正しいとすればの話、、、







Voici l’histoire de l’Un, de l’Autre, du Dernier et de la Belle Dame   
       
Christine Moiroux






Elle, la Dame, avance sur l’échiquier de l’existence, quai numéro un d’une gare, n’importe quelle gare, il est quatorze heures. Elle cache un sourire grand comme le monde derrière une brassée d’hortensias bleus, lumineux, qui chatouillent son nez mignon. La Dame de Coeur fait les cents pas avec dans l’estomac un oiseau ivre qui gazouille. En réalité, la Dame de Cœur et d’Amour espère la tendresse promise depuis peu. Très fort. Car l’Un avait murmuré : « Quatorze heures quatre, je t’attendrai mon Amour à la gare, quai numéro un. » Puis il avait raccroché, vite, trop vite, sans lui laisser le temps de savourer cette douceur. Non, maintenant je me souviens, rectifie-t-elle mentalement, il a plutôt dit : « Quatorze heures quatre, je t’attendrai... avec impatience... mon Amour à la gare, quai numéro un... » Puis, silence... L’Un avait raccroché. Mais c’était sa promesse.


Quelques secondes ont suffi pour voir s’avancer la fortune, la Belle Dame jubile. « Mon amour, tu as précisé quatorze heures quatre, l’aiguille de l’horloge marque une... A quatre, dès ton arrivée, sans plus attendre, nous sauterons enfin dans le manège des gens heureux, jamais il ne s’arrêtera. Non, jamais... » se promet-elle déjà étourdie par les chassés croisés des voyageurs frénétiques sur le quai numéro un. Le vent glacial décoiffe son fragile bouquet. Aspirée par le souffle de l’espoir, à la recherche d’un coin de ciel abrité, la Dame de Cœur flotte sur le chemin de l’amour. « Oh ! Amour, viens très vite pour apaiser ma douleur ! J’ai tellement besoin de chaleur qu’une hirondelle ferait déjà le printemps ! » Mais le vent ne l’entend pas de cette oreille et tente de l’emporter loin des promesses.

Quatorze heures deux, la Dame résiste quai numéro un, esquisse un pas, pas chassé, puis deux, puis trois sur le carreau : valse des hortensias rouges, profond, sur le quai, terne, d’une gare, grise. Sans l’avoir jamais rencontré, elle aime déjà l’Un, comme aime une enfant. Quatorze heures trois. L’aiguille de l’horloge trop lente, d’impatience, lui laisse pousser des ailes : vire, virevolte, l’endiablée pour se réchauffer le coeur. Quatorze heures quatre, elle trépigne. Pirouette. Quelqu’un l’interroge :
— Sont-ce les oiseaux qui vous préoccupent ?
Sang qui tape aux tempes.
— Laissez ces oiseaux qui me préoccupent. J’attends une brochette de bonheurs pour pincer mon cœur, réplique-t-elle fièrement tout en tournant les talons.

A ce message qu’elle envoie à quatorze heures cinq : « Vous n’êtes pas là. Avez-vous perdu vos mots ? », l’Un frileux répond illico : « Vous êtes idiote. Je n'aime pas les femmes impatientes. Vous êtes trop envahissante avec vos mots quotidiens. Je ne suis pas libre. Adieu. »

Le choc est brutal, inattendu, il fait s’échapper l’oiseau du fond de son ventre à Elle. La promesse envolée, du même coup le jour s’éteint, goulûment happé par la pénombre. Enfermée au coeur du tournoiement incessant des voyageurs, toute petite, elle se crispe sur le bouquet rose, pâle, fané. Les pieds des voyageurs traînent, trébuchent vont et viennent sur le quai numéro un. Numéro un ? Quelle importance vraiment ! La voie n’est plus libre maintenant, un point c'est tout. Le regrettable secret de la trahison creuse une impasse en elle. La Dame maintenant de Pique aurait tellement voulu que s’ouvre la voie royale vers la lumière... mais le commun routinier, bruyant, menteur, laisse de nouveau la part belle à la grisaille.

Peu de temps après, du fond de son désespoir, elle voit s’avancer l’Autre et :
— L’air me moite, la sueur dégouline sur mon front, mon cou, mes yeux... Mais... ? Ce sont... Ce sont des larmes, de celles qui dévalent la pente... Oui, ce sont des larmes... lui répond l’Autre qui s’est arrêté intrigué par ce bouquet larmoyant recroquevillé dans les bras d’une Dame
— Dites, pourquoi l’Un, ma promesse d’éternité, zigzague-t-il ainsi de l’amour au mensonge, du mensonge à l’amour?
— Il zigzague car il a certainement compris que cela fait moins mal de se perdre en Patagonie... ou en Amazonie que dans les yeux de l’autre. Il connaît les abîmes et les pics où l’amor l’a ligoté. Voilà pourquoi il zigzague. Il fuit, c’est tout.

Elle redouble de sanglots. Au même moment une poussière lui fait cligner les yeux et l’Autre, effaré de croiser tant d’affliction, se montre avare de plus de commentaires. Il file, file à tire d’aile, emporté par le vent opiniâtre.

Un autre, le Dernier celui-là, s’arrête à la fontaine de la Belle Dame affligée et s’aventure à une consolation :
— On peut s’échiner à composer des harmonies alors qu’un seul baiser suffit à créer des symphonies.
— Vous êtes musicien ? (elle renifle)
— Oui, c’est ainsi...
— Les idées ne vous manquent pas... (méfiante) Aimez-vous la chasse ?
— La chasse à l’homme ?
— Non, la chasse à courre.
— Pas vraiment. Vous attendez qui ?
— Celui qui devait, aujourd’hui, à quatorze heures quatre me faire la cour.
— Je vais le remplacer s’il est en retard.
— J’ai besoin d’un bon marcheur qui ne triche pas (elle renifle toujours), non d’un coureur de jupons.
— (D’un ton pompeux en bombant le torse) Ineffable amour attisé pour devenir passion. Etonnante, encombrante ardeur. Le feu, tout comme l’amour, de flammes se métamorphose en braises, flots sereins d’étincelles... qu’une averse rince. Oh ! Venez vous abriter.
Tonne l’orage, tombent les larmes, dans ses bras elle se retrouve.
— Essuyez votre joue et lâchez ces fleurs qui vous blessent, vos pleurs ne font qu'ajouter aux flots turbulents des passants d’autres rigoles de tourments...
Le Dernier, peu effrayé celui-là, veut aussi l’émerveiller. Il projette son avenir au fond des yeux humides de la belle désappointée. Il la saisit au vol, un vol d’oiseau, en lui susurrant encore d’étranges mots poètes pour l’apprivoiser : « Pour l’éternité, au creux d’un vallon douillet, allongés sous la protection des étoiles, le vent murmurera un chant sacré pour le plaisir de nos sens fatigués... un chant sacré à nos cœurs émerveillés... pour l'éternité. » La Dame, légère, incorrigible, enivrée, sourit. Elle finit par jeter par-dessus l’épaule son bouquet désenchanté pour suivre d’autres promesses qui la conduiront sur la voie des merveilles, enfin le souhaite-t-elle.

Et... si le vent avait raison ?

2014年9月2日火曜日

Christine Moiroux : un montre en or




金時計


それはミサからの帰り道、夏の終わりのある晴れた日曜だった。暑いのに初めてストッキングをはいていたのは、ピカピカの女の子に見せるためだから、すっかりその気になっていた私は、おもむろに足を運び、スカートの裾から1センチ可愛いレースがのぞいているのが気になってしかたなかった。弟は、いっしょに遊ぼうとしきりに私を誘いながら、すぐに飽きてしまう。運転の真似をして走り出し、仮想ハンドルをくるっと回してUターン、彼のウインクが右目なら右へ曲がるつもりだし、反対なら左へ方向転換だ。パパとママは私の横で穏やかに話しながら歩く。言葉の端々から、どうやらバカンスの帰宅が話題らしい。何時に出るかだなんてまだ早いわ、今から心配してどうするの?と思ったとたん、くすんだ黄色のまぶしい陽の光が目に飛び込んできたので、立ち止まりかがんで見ると固い土の中から時計のムーブメントケースがのぞいていた。私は叫んだ。「パパ!すごいの見つけたわ!」父は付着していた土を取り除き、拭き取るように擦って手のひらにのせると、息をのんで見守る母と私の前に差し出した。バックミラーにちらっと目をやり何かあったと感づいた弟は、Uターンすると、ブレーキ音もけたたましくドリフト走行でレースを終了した。
                     





                                                                   写真: フォード・カプリ    Wikipediaより


   
そしてレーシングカーをおりる手間を省いて、手回しで窓を開けると、私の掘り出し物に見入った。「腕時計だね、見てごらんイニシャルがある。」と父がコメントする。
ほんとうだ、二つのJがひしめくように、二つの名前の文字の先頭に際立って組まれている。JulietteC-JacquesM.
「何て名前?パパ。」文字を読めるようになったばかりのピエールが聞いた。
「わからない、名前を全部彫る場所がなかったんだよ。」と言うが早いか私に時計を手渡した。「持っていなさい。明日確かめてみるといい、村の人なら誰の物か分かるかも知れない。」

 翌朝は、お宝を早く落とし主に返したいのと、何よりその人に喜んでもらえるだろうと、いそいそ村へ駆けつけた。父が、お店で尋ねれば早いと言っていた。それが村には三軒きりで、調べて回るのは簡単だったが、何の手がかりも得られず途方に暮れ、教会の広場に行き着いた。なーんだ、時計を裏に表にひっくり返す、、、食料品店のマリーが、これ金時計よって、教えてくれただけか。

弟がレーシングカーの運転席に収まった時、この行き詰まった袋小路の出口が見えた。横滑りにタイヤの軋む音が響いて、彼は窓ごしに「ギュスターブの所は?」と言ったのだ。そう言えば、いつも暗い屋台の奧にひっこんでいる靴修理のおじいさんに聞くのを忘れていた!
普段は寄りつきもしない彼の隠れ家に向かって、勇気を奮い立てるべく洋洋たる足取りで、一目散に飛びだした。ピエールも右に習えの勢いで危うく幻の車ごと溝に突っ込むところだったが、巧みに軌道修正すると、クラクションも高らかにどんどん進んだ。
隠れ家に着くとギュスターブは調度出かけるところだった。「よかった、怖い所に入らなくてすみそう。」
弟はブレーキをかけて止まり、私はあいさつして落とし物を提示した。
「この時計、誰の物かご存じありませんか?」ギュスターブは大きな手で触ってみて、すぐに声を上げた。
「こりゃ!ジュリエット・カプリの時計じゃないか!」うわぁ!やった!私は有頂天になって急いで尋ねた。
「ジュリエット・カプリ?その方をご存知なのですか?じゃあ、ジャックMは?」
日頃気むずかしいギュスターブじいさんが、今日はお日柄もよろしく、まあまあ落ち着いてと言うように手を揺らし、話してくれた。
「ジュリエット・カプリは、前にここを借りていたんだ。夏休みになると、姪っ子といっしょに来てた。小さい子だよ、エステルって言ったかなあ?」
「それで、ジャックは?知ってる人?」

「さあなあ。」と彼はあごをなでている、私はいらいらして足を踏みならす。
「向こうの森の裏手にミニヨン農場があって、まあ、あの時分にゃジャックとかいう息子がおったような、いやあ、だがジュリエットと二人でいるのは見たこともない!」

「彼女に会って時計をわたしましょうよ。」
「そんな、ジュリエットは、だめだ時計を返すなんて、もう長いこと、ここへは来ていないしもう二度と来ないじゃろう?住所も知らん。まだ生きているかどうか、、、。」
悔しそうな私を見て彼は、きっと慰めるつもりだったのだろう、ジュリエットとエステルの夏の家を見せてやろうと言い出して、鍵を取りに行った。その間に弟も車から抜け出し、鍵をひねった。ギュスターブが庭の外れから戻ってきた。弟は自分の手を私の手にすべりこませて握らせ、二人ともおっかなびっくりしながら案内人について走った。大柄なおじいさんが屋台のカウンターから出るとさらに圧倒的な大男で、見栄えがする。家も立派な物で、暗くかび臭い匂いがして歩く度に床が軋んだ。鎧戸を押し開けながら「さあ、これでこのバラックにも少し風が通るぞ、ほい、お前さんたち、ここはどうだい?」
まあ、怖いばっかりで固まっていて、大したことは言えなかった。私たちの夢気分を台無しにした不潔なほどほこりっぽい部屋に期待もくじけ、直感的に、口で説明しても分かってもらえそうにないものを感じ取っていたので、なおさら答えられなかったのだ。ギュスターブには、これまで話してくれた以上の情報もなさそうに見えたし、私たちの情熱も修理屋の恐怖の館を訪れるうちにみるみる冷めやり、そそくさと帰ってしまった。ピエールときたら赤い車をギュスターブの家の前に止めたまま。

年月が過ぎ、もうあの村には行かなくなっていた。時計は宝石箱に収まっている。時折とり出してはじっと見つめ、愛の物語を想像して心をかきたてた。

それが、先日ピエールから電話があった。
「今の僕の同僚の名前をあててごらんよ。」
「そんなこと知ってて、どうなるの?」
「エステル・カプリさ!」
「えっ?時計のこと覚えてるの?名前までどうして?」
「はっはーん!カプリと言えば、フォード・カプリだろ!」
「さすがピエール!車に重ねたのね。でどうしたの?エステルには話したの?」
「話した、エステルはジュリエットの姪じゃなくて、娘だった!」
「へー!じゃ、お父さんは誰?」
「わかるだろ?」
「ジャック・ミニヨン。でもジュリエットは何故自分の姪だなんて言ったのかしら?」
「それなんだよ、ジャックとジュリエットは相思相愛で結婚しようとしていたのに、彼が軍の召集でアルジェリアへ行ってしまったんだ。一人残されたジュリエットは子どもを産んだ。でもそのことを父親には言えなかった。あの当時はできなかったよね。それで父親には姪だと信じ込ませたらしい。そして毎年フィアンセの実家近くに出かけていた、少しでも近づこうとしてね。」
「まあ!」
彼からは何の便りもなく、ある日アルジェリアに転属願いを出し、行って彼を捜すことにした。彼女はそこで暮らした。エステルの方は本国に戻っている。毎年共同墓地で、その人に花束をたむけるそうだ。顔も知らない父親。いなくなった夫。その亡骸に会うことさえない。

   201493日訳  宮澤みよ子 

          このテキストの翻訳と掲載は作者の同意を得ています。
          


 un montre en or             
                          Christine Moiroux


C’était au retour de la messe, un beau dimanche de fin d’été. Malgré la chaleur, je portais pour la première fois un panti qui faisait de moi une toute nouvelle jeune fille. Imbue de cette distinction je marchai à pas comptés, les yeux fixés sur le bord de ma jupe d’où dépassait un centimètre de jolie dentelle. Pierre, mon petit frère, essaya de m’entraîner dans son jeu favori, mais il se lassa vite. Faisant mine de conduire, il courait, revenait tournant un volant imaginaire, il clignait d’un oeil : à droite quand il projetait d’aller dans cette direction ou de l’autre oeil quand il voulait bifurquer à gauche. Papa et Maman marchaient juste à côté de moi en devisant tranquillement. J’entendais quelques bribes de leur conversation où il était question de retour de vacances, heure de départ, je pensais que c’était encore tôt pour s’en préoccuper quand, tout à coup, j’aperçus, éclairée par un rayon de soleil une tâche jaune sale, je m’arrêtai, me penchai et trouvai, enfoncé dans la terre dure, un boîtier. « Papa, criai-je, j’ai trouvé un truc. » Il m’aida à désincruster l’objet de la gangue de terre, le frotta et dans la paume de sa main le tendit à notre curiosité. Jetant un coup d’oeil dans son rétroviseur, mon frère avait remarqué qu’il se passait quelque chose, il fit demi-tour et termina sa course en un dérapage contrôlé dans un grand cri de freins. Il ne prit pas le temps de descendre de son bolide pour admirer ma trouvaille mais ouvrit la fenêtre en un tour de main. « C’est une montre, précisa Papa, regardez, voilà des initiales. » En effet, deux « J » étroitement enlacés surmontaient deux prénoms suivis de leurs initiales : Juliette C - Jacques M.
— C’est quoi leur nom Papa ? demanda Pierre qui savait lire depuis peu.
— Je ne sais pas, ils n’auront probablement pas eu la place de les faire graver en entier, répondit-il et sans plus s’attarder il me donna l’objet. Tiens garde-la, il faudra se renseigner demain, peut-être que quelqu’un au village saura à qui elle appartient.

Le lendemain matin, pressée de rendre son bien à celui qui l’aurait perdu et surtout fière de la perspective de contenter cette personne, je filai sans tarder. Papa m’avait suggéré d’interroger les commerçants. Comme le village en comptait trois, le sondage fut très rapide et personne ne m’ayant donné d’indice, désemparée, j’échouai sur le parvis de l’église. Déçue, je tournai et retournai la montre – en or avait remarqué Marie l’épicière. Je cherchais une solution pour sortir de l’impasse où mon enquête se trouvait quand mon frère déboucha dans son bolide sur la place. Pneus qui crissent, dérapage contrôlé, il me lance par la fenêtre : « T’as vu Gustave ? ». J’avais oublié d’interroger le vieux savetier toujours caché au fond de son échoppe sombre ! Même si d’habitude je n’aimais pas trop m’attarder près de son antre, je sautai sur mes pieds et me dirigeai d’un pas ferme dans la direction pour me donner du courage. Pierre me doubla par la droite et faillit tomber dans le fossé. Il redressa habilement la trajectoire de son véhicule et continua sa route sans encombre en klaxonnant pour s’annoncer. Nous arrivâmes près de la caverne de Gustave qui en sortait justement. « Tant mieux, pensai-je, comme ça on n’entrera pas, j’ai trop peur. »
Mon frère freine, se gare, moi je salue Gustave et exhibe ma trouvaille. « Savez-vous à qui appartient cette montre ? » Gustave la triture de ses grandes mains, il ne met pas longtemps avant de s’exclamer : « Mais c’est la montre de Juliette Capri ! » Ouais ! Gagné ! Je jubile et le presse de questions : « Juliette Capri ? Vous la connaissez ? Jacques M. ? C’était qui ? » Gustave bourru d’habitude est dans un bon jour, d’un geste de la main il me signifie de me calmer et m’explique :
— Juliette Capri, c’était notre locataire, elle venait pendant les vacances avec sa nièce, une petite fille, Estelle je crois.
— Et Jacques ? Vous le connaissez ?
— J’sais pas. Il se caresse le menton, je trépigne d’impatience. Y’a la ferme Mignon derrière la forêt là-bas, y zavaient ben un Jacques dans l’temps, mais quand même je les ai jamais vus ensemble avec la Juliette !
— On va la voir pour lui donner sa montre ?
— Tu sais, la Juliette, on peut pas lui rendre cette montre, elle est pas venue depuis longtemps et sûrement elle reviendra plus. Moi j’ai pas son adresse... si elle vit encore.
Remarquant mon dépit, en guise de consolation j’imagine, il proposa de nous montrer la maison d’été de Juliette et d’Estelle. Il partit prendre la clé. Pendant ce temps, mon frère s’extirpa de sa voiture de course et la ferma d’un tour de clé. Gustave réapparut à l’autre bout du jardin. Pierre glissa sa main dans la mienne et nous courûmes rejoindre notre guide avec tous les deux la peur au ventre. C’est que le vieil homme de stature imposante, sorti de derrière son comptoir, se révélait encore plus impressionnant ! La maison aussi l’était, sombre, fleurant le moisi, les planchers craquant à chaque pas. « Tiens ! Ça me permet de l’aérer un peu cette baraque, remarqua son propriétaire en poussant un volet. Alors les enfants qu’est-ce que vous en dites ? »
Ben, on était un peu morts de trouille et on n’en disait pas grand-chose. Ces pièces poussiéreuses, sales même, dénuées de tout romantisme décevaient mes espérances, je ne lui répondis pas car je savais d’instinct que ce n’était pas le genre de commentaire qu’il aurait compris. Apparemment, Gustave n’en savait pas plus que les quelques informations déjà délivrées et comme notre enthousiasme avait considérablement refroidi pendant la visite de l’horrible maison du savetier, nous rentrâmes très vite chez nous. Pierre en oublia même sa voiture rouge garée devant chez Gustave !

Les années passèrent, nous ne sommes jamais revenus au village. La montre est restée dans mon coffret à bijoux. Souvent je la prenais, la contemplais rêvant d’un grand amour qui me faisait vibrer. Et puis, il y a peu, Pierre me téléphona :
— Devine comment s’appelle ma collègue de travail ?
— Comment veux-tu que je le sache ?
— Elle s’appelle Estelle Capri !
— Comment ? Tu te rappelles de la montre ? Toi tu te souviens de ce nom ?
— Ben heureusement, Capri, Ford Capri, pardi !
— Ça, c’est bien toi ! Le fondu de bagnoles. Alors, raconte, Estelle, tu lui as parlé ?
— Oui, elle est pas la nièce de Juliette mais sa fille.
— Ah ! Et son père c’est qui ?
— A ton avis ?
— Jacques Mignon ? Mais pourquoi Juliette faisait-elle passer la petite pour sa nièce ?
— J’t’explique : Juliette et Jacques s’aimaient éperdument, ils voulaient se marier quand Jacques a été appelé sous les drapeaux, en Algérie. Juliette, restée seule, a donné naissance à la petite mais ne pouvait pas déclarer le père, ça se faisait pas en ce temps-là bref, alors elle faisait croire qu’Estelle était sa nièce. Juliette revenait chaque année près de chez son fiancé pour tenter de s’en rapprocher.
— Ah !
— Un jour, n’ayant plus de nouvelles de lui, elle s’est fait muter en Algérie pour l'y chercher. Elle y est restée. Estelle par contre est revenue en Métropole, elle m’a avoué que chaque année, elle déposait un bouquet au monument aux morts, pour cet homme, un père inconnu, un mari absent dont la veuve n’a pas même retrouvé le corps.

   http://short-edition.com/oeuvre/nouvelles/une-montre-en-or-1

2014年8月26日火曜日

Christine Moiroux: Il suffisait de presque rien

小さなきっかけ                   

 「口では何とでも言える」という考えだけは母に同感で、父はいつでも私を無視するか殴りつけて指図した。二人は私を息子だと紹介したが、こちらとしても彼らの言葉を、真に受けるつもりはない。確信を揺るがす疑念はひとつだけ、皆が同じ青い眼をしていることだ。それを絆というのか偶然か、私たちを近づけ、一つにするものだったのかもしれない、たぶん。

 ある日、その名も自由の種撒き人、リバティー・シーダーが農場の入り口に現れ、父母に働き口はないかと尋ねた。「農場では何時も人出がいるでしょう、お代はスープ一杯、藁布団、あとは旅を続けるための小銭でけっこう。」などと両親を口説き、しばらく雇われることになった。今日の仕事はもうすんでいたので馬小屋わきの納屋に陣取り、まずはスープを待つ間に、かなり堅そうな木切れを彫り始めた。何をするつもりだろう、私は農場の二枚の門扉の隙間からこっそり見ていた。この男、何か気にかかる、これまでに覚えのないような強い自信に満ちている。しばらくして、食事中は皆ぐったり疲れていたので口数も少なかった。それでもヒゲの大男は身振りも大きく、眼にはあふれんばかりの微笑みをたたえていたので、私はその光を追って食卓の上で眼を合わせよう合わせようとした。私にとって冷え切った台所にいるこの男は、まるで冷たい暖炉に燃える火種のようであった。 夜になっても、禁じられてはいたが彼の後についていく。どっしりした背中が頑丈な足の上に真っ直ぐのび、それが黄昏の薄明かりの中でゆさゆさと揺れる。 彼はまた納屋に戻る、そこは私のお決まりの隠れ家だったが、それを彼に譲るのがうれしい。小刀を取り出し、男はまた木片を彫りはじめた。何にするのか尋ねると、「俺のような季節の流れ者は後に続いてやってくる仲間に知らせるため、雇われた農場の門扉に、そこの待遇がどうであったかを示す秘密のサインを残していくものだ。サインの期限は一時だ。人は変わるものだからね。」 同じように、彼はイコールの印(2本の平行線)を見せてくれた。「これはもてなしの良かった家の印だよ。×印なら立ち寄らないで行った方が良い。」そして彼は、より細かい評価の印を地面に描いた。
    翌日もその翌日も畑で家族を助け、がむしゃらに働き、あきれるほどの干し草の束をその広い背中に担いだ。彼の動く足取りは、ゆっさゆっさと波に揺られるようだ、それほど肩が人より高くにあった。私の頭上に怒った父の雷が落ちるのを聞くと茶色の太い眉をギュッと寄せて、父に厳しい眼差しを投げつけた。好意的な彼の存在は、かえって私の日頃の不満を際立たせてしまった。おどおどしたずるがしこい目つきで、日長一日、私をあからさまに邪険にしている父とは全く対照的に、彼の人となり全体が揺るぎない生成り思いやりを放っていた。横暴な母にしても父よりましだとは言えない。毎晩、彼の所に行った。
彼がいると私を捕らえていた沈黙が破られる。彼は、寒さ、風、飢え、あるいは誠意についても話し、私は、自由な生き方とはこういうものかと思い描いた。彼の話を聞いていると、新鮮な空気をコップでごくごく飲んでいるような心持ちがした。世界について問いかければ、つぶやくように答えてくれる。私は思いつくまま質問する。自分のおかしな家族についての疑いも話してみた。この家は、私には決して見抜けない秘密を胸に隠しているに違いないから。
  数日後、彼は干し草の取り入れが終わったので明日出発しますと家族に告げた。納屋に引き上げる前に渡したいと言って、母がテーブルの上に置いたコインを指で押し進めると、すかさず父が、目の前にいる友人を無視した不作法な物腰でそれを取り上げた。彼は別れを言ってさっさと納屋に引っこんだ。私がのぞきに行ってみると、もうとっくに藁団で寝入っている。なんてことだ、まだ聞きたいことがたくさんあったのに!明け方、出発の気配を伺っていたが分からなかった。恐らくもう遠くまで行ってしまったのだろう。
  優しかった彼がもういない、その日は一日中どんな無茶も言われるがまま、ただ黙々と仕事をした。翌晩はなかなか寝つけないでいるうちに、はっとサインのことを思い出した。すぐに起き上がると庭は満月の光でいっぱいだ、私は飛び出して、彼が残していったはずのサインを探し回った。捜索は危機的だった。土手の影、石の下、草の中、門扉の右手、ない。あっちはどうだ、郵便受けの上、茨の茂み、ああついに彼の木片を見つけた、ついている字の彫りは「とどまるな、この家は良くない」。このメッセージで、私の中に反乱のスイッチが入った。これまで保留にしてあった感情を有効とされたかのように。その一瞬のひらめきが私の斬新でしかも揺るぎない意志を、実の親ではないと確信している不足の父母と決別しようという考えを、強めた。誰も私がどこから来たか明かさない、堅い秘密だ、かまうものか、もうわかった、月の下で悟ったのだ、ここは私の家じゃない。すぐに身の回りの荷物をまとめ、リバティー・シーダーの足跡を追ったが、もう二度と彼に会うことはなかった。

  彼は黙ってそこにいるだけで私を引きつけて止まない、ただそれを感じただけで、幸いにも私の人生は動き出した。何でもないことが、しばしば人生の流れを変え、自身の運命を遂行するための兆しを信じさせるに十分たり得る。何かが私に道を示しているのだと。

2014821日訳  宮澤みよ子 





Il suffisait de presque rien
                                                                          Christine Moiroux                                  

« Je n’en crois pas un mot », voilà toute la confiance qu’elle m’accordait et lui, il m’ignorait ou me donnait des ordres en me battant. Ils me présentaient comme leur fils. A mon tour de ne pas en croire un mot. Un seul doute ternissait ma certitude : nos yeux étaient du même bleu. Un lien ou une coïncidence qui aurait pu nous rapprocher, nous unir, peut-être. L’enfant en mal de tendresse que j’étais en rêvait, l’adolescent le redoutait.
Un jour, Liberty Seeder, le semeur de liberté, c’est ainsi qu’il s’appelait, s’est présenté à la porte de la ferme et demanda du travail à mes parents : « Dans une ferme il y a toujours quelque chose à faire, un bol de soupe, une paillasse et une pièce pour continuer la route. » Il les convainquit ainsi de l’employer pour un temps. Comme la journée finissait, il s’installa dans la grange près des écuries, en attendant le souper il se mit à sculpter une bûchette dans un bois un peu dur. J’étais curieux et l’observais en cachette par un interstice entre deux planches du portail. Cet homme m’intriguait car il donnait l’impression d’une force confiante telle que je ne l’avais jamais ressentie. Un peu plus tard, lors du repas, peu de mots s’échangèrent car une morne fatigue enveloppait les corps. Toutefois, le grand barbu aux gestes mesurés avait un immense sourire dans les yeux, une lumière que je cherchais par-dessus la table en essayant de croiser son regard. Pour moi, l’homme était dans cette cuisine comme une flamme de vie dans un âtre froid. Le soir même, bravant l’interdiction, je le suivis. Son dos droit massif tanguait sur ses jambes solides dans la pénombre du crépuscule, il rejoignit la grange, mon refuge habituel que je lui prêtais volontiers. Il sortit son couteau et se remit à sculpter la bûchette. Je lui demandai à quoi elle servirait, il me répondit que les saisonniers comme lui laissaient toujours un signe caché au portail de chaque ferme pour avertir les camarades suivants de l’accueil qu’ils y trouveraient. Des signes temporaires, car les gens étaient changeants. Il m’indiqua ainsi que deux lignes parallèles signifiaient une maison accueillante, une croix signifiait qu’il valait mieux passer son chemin, puis il dessina sur la terre d’autres signes appréciatifs plus nuancés.
Le lendemain et les jours suivants, il nous aida aux champs, il travaillait dur et chargeait d’énormes bottes de foin sur son dos large. Il se déplaçait d’un pas comme chaviré par la houle car il avait une épaule plus haute que l’autre. Dès qu’il entendait la tempête gronder sur ma tête, pour montrer son mécontentement, il lançait à mon père un regard dur tout en fronçant ses épais sourcils bruns. Sa présence bienveillante ne faisait qu’accentuer mon malaise. De sa personne entière respirait une franche humanité contrastant totalement avec le regard fuyant et malin de mon père qui libérait, à longueur de journée, sa hargne contre moi. Ma mère tyrannique ne valait pas mieux. Je rejoignais cet homme tous les soirs, en sa présence j’avais l’impression de rompre un silence qui m’engluait. Il me parlait de froid, de vent, de faim et de loyauté qui évoquaient une vie de liberté. J’avais l’impression de boire ses paroles comme un bol d’air frais. Il répondait bougon à mes questions sur le monde. Je lui disais spontanément mes interrogations, lui racontais mes doutes au sujet de cette drôle de famille qui, j’en étais sûr, portait en son sein un secret que jamais je ne pourrais percer. Après quelques jours, il annonça qu’il partirait le lendemain puisque les foins étaient terminés. Avant qu’il ne se retire, ma mère voulut lui donner une pièce qu’elle avança d’un doigt sur la table, mon père la confisqua aussitôt avec un geste grossier que mon ami ignora. Il salua et s’en alla aussitôt vers la grange. Quand je le rejoignis, je le trouvai déjà endormi sur sa paillasse. J’étais au désespoir, j’avais encore tant de questions ! Au petit matin, je guettai son départ mais il était sûrement déjà loin car je ne le trouvai pas.
Pendant toute la journée sa présence bienveillante me manquât, je travaillai sans mots dire, acceptant toutes les humiliations. La nuit suivante je ne pouvais dormir et tout à coup, je repensai au signe. Je me levai aussitôt, les rayons de la lune pleine inondaient la cour, je sortis et me mis à fureter cherchant celui qu’il aurait laissé. La prospection était malaisée dans l’ombre du talus, sous la pierre, dans les herbes, à droite du portail, rien ; de l’autre côté, sur la boîte aux lettres, dans les ronces, j’y trouvai enfin la bûchette évasée sur le haut et qui portait une croix gravée : « Ne vous arrêtez pas, la maison est mauvaise ». Ce message déclencha en moi une révolte comme s’il validait un sentiment resté jusque là en suspens. En un éclair, il me conforta dans ma volonté, toute neuve mais inébranlable de quitter cette mère et ce père indignes qui, j’en étais sûr, ne pouvaient être les miens. Personne ne m’avait révélé d’où je venais, un secret bien gardé, peu importe, j’ai simplement réalisé sous la lune que celle-ci n’était pas ma maison. Je fis immédiatement mon balluchon et pris la route sur les pas de Liberty Seeder que je ne revis cependant jamais. Il avait par sa seule présence aimante et silencieuse heureusement inspiré ma vie. Il suffit souvent de presque rien, de faire confiance aux signes pour infléchir un chemin et accomplir sa propre destinée.